Afrique du Sud

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Kgalema Motlanthe

 élu Président!

L'Assemblée nationale sud-africaine élisait jeudi le nouveau président de la République après la démission forcée de Thabo Mbeki et devait désigner le modéré Kgalema Motlanthe, candidat du parti au pouvoir.

Sur les 360 députés présents, 269 ont voté en faveur de M. Motlanthe, le numéro deux du Congrès national africain (ANC) au pouvoir, a annoncé le président de la Cour constitutionnelle, Pius Langa, qui dirigeait la session parlementaire. 50 ont préféré le candidat de l'Alliance démocratique (DA, opposition), et 41 ont remis des bulletins blancs.

A 11H00 (09H00 GMT), le président de la Cour constitutionnelle, Pius Langa, a ouvert les débats et présenté la candidature de Kgalema Motlanthe, numéro deux de l'ANC, qui dispose de plus de deux tiers des sièges au Parlement.

 
L'opposition de l'Alliance démocratique (DA), très minoritaire, a présenté son propre candidat. Les débats ont ensuite été suspendus pour une demi-heure, le temps d'imprimer les bulletins de vote.

Une fois élu, le nouveau chef de l'Etat prêtera serment à 14H30 (12H30 GMT) à Tuynhuis, la résidence présidentielle du Cap, capitale parlementaire du sud-ouest.
 
Il tiendra les commandes du pays jusqu'aux élections générales du 2e trimestre 2009, avant lesquelles il devra aussi apaiser un parti déchiré.

Motlanthe devrait former très rapidement son gouvernement, où le populaire ministre des Finances Trevor Manuel, considéré comme l'artisan de la croissance soutenue de l'Afrique du Sud post-apartheid, doit siéger.

 
L'Afrique du Sud est plongée dans une crise sans précédent depuis la fin du régime ségrégationniste blanc en 1994. Samedi, l'ANC a retiré sa confiance au président Mbeki, sur fond de luttes intestines, l'accusant d'instrumentaliser la justice pour barrer à Zuma la route de la présidence en 2009.

Dès le lendemain, il annonçait sa démission lors d'une allocution radiotélévisée. Lundi, l'ANC désignait son successeur, choisissant en Motlanthe une personnalité unanimement respectée, considéré comme le mieux à même d'assurer une transition en douceur.
 

Mais la présidence annonçait mardi qu'un tiers du gouvernement avais remis sa démission, dont le charismatique Trevor Manuel. Immédiatement, les marchés chutaient, jusqu'à ce que le ministre se dise "disponible" pour servir dans le futur gouvernement.

Dans ce contexte volatil, l'ANC a multiplié les propos rassurants, soulignant que seuls six des ministres démissionnaires n'avaient pas l'intention de rester en poste.

 
"Il n'y a aucun problème, la situation est sous contrôle, il n'y a aucune raison de paniquer", a ainsi lancé Zuma, qui a ravi en décembre la tête de l'ANC à l'ex-chef de l'Etat au cours d'un congrès houleux.

Motlanthe, 59 ans, surnommé "Mkhuluwa" (Grand Frère) pour ses qualités de conciliateur, aura pour mission principale de rassurer le pays et les investisseurs internationaux, mais aussi de réconcilier un parti à couteaux tirés.

Pour l'instant, il est prévu que Zuma soit le candidat du parti en 2009 et accède à ce titre à la magistrature suprême, malgré les controverses qui l'entourent.

 
Jugé pour viol puis acquitté, il a été à deux reprises inculpé dans un autre dossier pour corruption avant que les poursuites ne soient abandonnées, la première fois faute de preuve, la seconde pour vice de forme.

Motlanthe pourrait également mettre à profit les six à huit mois jusqu'aux élections pour lancer les prémices d'une réorientation sociale de la politique gouvernementale.

L'Afrique du Sud, où 43% de la population vit toujours avec moins de deux dollars par jour en dépit de la croissance, connaît des tensions sociales de plus en plus perceptibles.
 

Dans une lettre d'adieux à ses ministres, publiée jeudi par le quotidien The Star, Mbeki leur assure qu'ils peuvent "garder la tête haute".

"Je suis convaincu, qu'un jour, l'Histoire jugera que, lorsque nous en avons eu la possibilité, nous avons répondu aux attentes de notre peuple", écrit-il.