BOXE : RUBIN HURRICANE CARTER EST MORT. IL FUT VICTIME D'UNE DES PLUS GRANDES ERREURS JUDICIAIRES

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INCARCÉRÉ PENDANT 19 ANS,
puis libéré après avoir été la victime d'une des plus grandes erreurs judiciaires américaines
 
BOXE - Rubin "Hurricane" Carter n'est plus. L'ancier boxeur américain, devenu un symbole de l'injustice pour avoir été la victime d'une des plus grandes erreurs judiciaires américaines, est mort dimanche 20 avril à son domicile de Toronto. Il est décédé à l'âge de 76 ans dans son sommeil, des suites d'un cancer de la prostate. La nouvelle a été annoncée par son ami de longue date et coaccusé, John Artis, comme le rapportent plusieurs médias américains.
PHOTO :  Rubin "Hurricane" Carter en compagnie de Denzel Washtington,  Oscar du meilleur acteur en 1999 dans le rôle de "Hurricane Carter".


Condamné à la prison à perpétuité pour un triple meurtre qu'il a toujours nié, Rubin Carter a passé près de vingt ans en prison avant d'être libéré. Son histoire a été portée à l'écran dans un long-métrage intitulé "Hurricane Carter" et sorti en 1999. Son rôle était joué par Denzel Washington. Bob Dylan lui avait aussi rendu hommage en écrivant la chanson "Hurricane", qui racontait sa vie.

'Repose en paix Rubin, ton combat est achevé mais ne sera pas oublié", a réagi sur son site l'association de défense des victimes d'erreurs judiciaires (AIDWYC), dont "Hurricane" Carter a été le directeur exécutif de 1993 à 2005.

Malgré ses dénégations, Rubin Carter avait été condamné par deux fois, en 1967 et 1976, pour le meurtre de trois Blancs dans un bar du New Jersey en 1966. Un jury exclusivement blanc avait prononcé la peine, infligée également à son co-accusé noir John Artis. Ce dernier l'a accompagné jusqu'au bout. Carter avait été libéré de prison en 1985, après plus de 19 ans d'incarcération, quand un juge fédéral avait annulé sa deuxième condamnation, l'estimant entachée de racisme. Son arrestation avait mis un terme à sa carrière de boxeur.

"J'ai vécu en enfer"

"Tous les dés étaient pipés, le procès était un cirque, il n'avait aucune chance", chante Bob Dylan dans sa chanson "Hurricane", dont il avait découvert l'histoire dans son autobiographie, "Le 16e Round", parue en 1976, et qu'il avait ensuite rencontré en prison. "Maintenant, un homme innocent vit l'enfer, c'est l'histoire de 'Hurricane', mais elle ne s'achèvera pas tant que son nom ne sera pas blanchi, et tant qu'on ne lui rendra pas le temps perdu".

La chanson est sortie 10 ans avant la libération de l'ancien boxeur poids moyen, qui avait remporté 27 victoires, notamment au Madison Square Garden de New York, à Paris ou encore à Londres, mais dont la carrière sportive avait pris fin brutalement avec son arrestation. Après 19 ans derrière les barreaux, Carter avait été libéré en 1985, sur injonction d'un juge fédéral, qui avait renversé la peine de prison, l'estimant "marquée par le racisme plutôt que par la raison et par les dissimulations plutôt que par les révélations".

Plus tard, son histoire avait également inspiré le réalisateur Norman Jewison, dont le film "Hurricane Carter" en 1999 avait valu à Denzel Washington le Golden Globe du meilleur acteur et une nomination aux Oscars. Joni Mitchell et Mohamed Ali avaient également soutenu sa cause. A sa sortie de prison, Rubin Carter avait logiquement milité contre les erreurs judiciaires, créant une association et se battant en particulier pour la libération de David McCallum, un Noir new-yorkais incarcéré depuis 1985 pour meurtre.

Dans une tribune publiée le 21 février dernier dans le New York Daily News, intitulée "L'ultime voeu de Hurricane Carter", il réclamait une nouvelle audience pour le condamné, estimant que le verdict avait été tout comme dans son cas entaché de racisme. "Je serais très surpris de trouver le paradis après cette vie", écrivait-il, "mais pendant mes années sur cette planète, j'ai vécu en enfer pendant les 49 premières années, puis au paradis pendant les 28 dernières". Car "vivre dans un monde où la vérité compte et la justice est rendue, même tardivement, ce monde serait un paradis suffisant pour nous tous".

SOURCE : Huffington Post