La ruée vers l'or ... vert !

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L'inde à la conquête du Jatropha

Dans un précédent article (voir rubrique écologie), nous vous présentions le Jatropha, une plante fabuleuse, originaire des Caraïbes, rebaptisée "l'or vert de Floride". Nous avions préconisé de développer la culture de cet arbre à pétrole  sur les 22 500 hectares de terres contaminées au Chlordécone, en anticipation sur la directive européenne relative aux biocarburants. 

Aujourd'hui, c'est au tour de l'Inde de lancer un ambitieux programme de développement du Jatropha. Une expérience qui mérite toute notre attention. 


La commune d’Ikelilalina dans la région de Vatovavy Fitovinany compte 170 hectares de jatropha. 
Cette plantation est l’œuvre de l’association Koloharena, une entité de développement qui roule aussi pour la protection de l’environnement. Et le biocarburant à tirer prochainement du jatropha s’inscrit dans ce principe

Une autre association Koloharena travaille aussi dans la région de la Haute Matsiatra et elle plante également du jatropha. En fait, la province de Fianarantsoa compte 9 fédérations de Koloharena. Ces associations ont vu le jour dans le cadre de l’ancien projet LDI financé par les Américains. Elles entendent profiter de la promotion du biocarburant portée par la flambée du pétrole. Dans le Vatovavy Fitovinany, le jatropha pousse déjà à l’état sauvage comme c’est aussi le cas dans d’autres régions. Les membres de l’association y ont prélevé les graines dont ils ont besoin pour leur plantation. Mais les graines se vendent déjà sur le marché. À Manakara, le kilo vaut 300 Ariary (Ar) contre 500 Ar à Ambalavao.

En Inde, là où la culture de jatropha se fait déjà d’une manière intensive, les semences coûtent 0,11 dollar, soit 200 Ar/kg. Un kilo de semences contient entre 1.000 et 1.200 graines et le taux de germination est de 80%. Pour couvrir 1 ha avec l’alignement indiqué, il faut compter 2.500 pieds de jatropha. Il faut donc prévoir jusqu’à 3.000 graines par hectare. L’association Koloharena d’Ikelilalina a déjà effectué un essai d’extraction d’huile de jatropha. En la mélangeant avec de la soude caustique, elle fabrique du savon avec. D’autres paysans font de même et ce savon commence à apparaître sur le marché de quelques communes des régions Haute Matsiatra et Vatovavy Fitovinany. Ce produit artisanal n’a rien à envier à celui qui sort des usines. De plus, il sent bon naturellement.

L’huile de jatropha peut aussi remplacer la bougie et ce serait un créneau à creuser sérieusement. À la campagne où la bougie est hors de portée, l’éclairage est assuré par le pétrole. Mais avec la flambée des cours, 100 Ar de pétrole par jour ne suffit plus à assurer l’éclairage d’un ménage. Ce n’est plus rare de voir des familles allumer uniquement la lampe à pétrole pour le dîner. Avant et après, on s’éclaire avec la lueur du feu du foyer !

Sinon, l’huile de jatropha est destinée à être mélangée avec le gasoil. C’est pour diminuer la consommation en produits pétroliers et par la même occasion l’émission de gaz à effet de serre. Ces gaz sont parmi les responsables du réchauffement climatique et donc de la dégradation de l’environnement.

L’entreprise britannique D-1 s’est engagée à acheter la production des associations de paysans planteurs avec qui elle a passé un contrat. À terme, Madagascar pourrait produire entre 15.000 et 20.000 tonnes d’huile brute de jatropha. D-1 achète cette huile dans une fourchette de 0,20 à 0,28 dollar. Aux cours des changes actuels, le kilo se vend donc entre 420 et 588 Ar. En Inde, il coûte 0,40 dollar ou 840 Ar. Et à Ambalavao, le litre d’huile de jatropha est à 3.000 Ar. Il faut souligner que l’huile représente seulement 28% du poids de la graine.

Même si D-1 achète moins cher le produit par rapport à ce qui s’observe en Inde, le président de l’association Koloharena d’Ikelilalina, Mbeloson Raymond Zafy précise qu’un hectare de jatropha vaut 1,5 million Ar à Manakara et 2,5 millions Ar à Ambalavao