L'actualité de Nicole Cage-Florentiny

Une femme créole

Dans son édition du lundi 16 juin, le journal cubain Granma consacre un article dans la page culture à la martiniquaise Nicole Cage-Florentiny.
Le 19 mars 2008, elle donnait une conférence à la Casa de las Américas intitulée, "Deux langues pour dire l’ âme créole", ainsi qu’un mini-récital de poésie.

L’occasion  nous est donnée d'aller à la rencontre d'une femme aux multiples talents.

 photo: philippe Bourgade

Qui est-ce?

 
Nicole CAGE-FLORENTINY est Martiniquaise, issue du François. Professeur de Lettres et d’Espagnol, elle a suivi des études d’Espagnol, d’Histoire et de Journalisme. Dans une vocation d’approche de l’Autre, elle a également une formation en psychothérapie et naturothérapie. Un parcours en sciences humaines brillant, donc, qui témoigne d’une volonté intense de vivre la diversité du monde. En toute réceptivité.
Son premier recueil de poèmes “Arc en Ciel, l’Espoir”, recueil de poésie jeunesse bilingue Français-Espagnol date de 1996 et a obtenu le Prix Casa de las Americas décerné chaque année à Cuba et destiné aux écrivains d’Amérique latine et de la Caraïbe. Ce recueil est sorti aux Editions Casa de las Americas.
Son expression littéraire se partage entre la poésie et la narration, mais aussi la littérature-jeunesse. Ses écrits ont reçu des échos encourageant son élan d’écriture. Elle s’intéresse notamment à l’oralité par l’adaptation théâtrale et par la création musicale.
 

Article: Deux langues pour dire l'âme créole

de Sonia Sanchez

 
Avec l´intensité d´une femme de lettres et d’art qui entraîne avec elle toute la charge des Caraïbes syncrétiques, douloureuse et mystique à la fois, la martiniquaise Nicole Cage-Florentiny (1965) a laissé l´impact de sa présence dans la Casa de las Américas.

Comme une partie de l´agenda de 2008 du Centre des Études des Caraïbes, elle a été ponctuelle, dans la salle Manuel Galich, pour offrir une conférence attendue par beaucoup : Deux langues pour exprimer l´âme créole. En finissant elle a reçu les applaudissements, mais elle a laissé des réflexions.

Poétesse, professeur, journaliste et promotrice culturelle, diplômée en Espagnol et en Histoire de l´Université des Antilles, elle soutient – et ainsi elle l´a démontré dans sa dissertation – la thèse de la recherche d´un monde meilleur, d´une identité particulière, "plurielle" pour les peuples qui ont uni le sang africain au français, à l´anglais ou à l’hispanique dans une région sur laquelle, aujourd´hui, regardent une bonne partie des yeux de l´humanité.

Hommes et femmes "déportés, exilés, violentés, lancés vers une terre inconnue, réduits à être esclaves et obligés de trouver une voix propre au milieu d´un chaos linguistique sans nombre" – a  argumenté Nicole – qui, dans le cas des Caraïbes francophones, ont été nourri de deux langues qui ont donné lieu à une nouvelle, autochtone, comme est le créole, "forgée avec toute sorte de formes et vocabulaires".

En accueillant de nouveau à Cuba un être singulier, le Centre des Études des Caraïbes et le Prix littéraire de la Casa se sont donnés une opportunité de ne pas manquer la lauréate, en 1996, du Prix Casa de las Américas pour son recueil de poèmes Arc arc-en-ciel, l´espoir, traduit par la poétesse Nancy Morejón et, en 1993, de la Mention Spéciale du Prix de Jeune Poésie de la Maison de la Poésie et du Ministère de la Jeunesse à Paris, par son livre Lavalas.

Tout le monde espérait qu’elle lise quelques vers de « Arc arc-en-ciel… », mais elle a donné plus. Habillée totalement de rouge sur sa peau mulâtre, pieds nus, elle a déclamé plusieurs poèmes avec tous ses dons dramatiques, quel monologue parfait.

La poétesse Nancy Morejón a dit de ceux-ci : «des poèmes qui résument cet esprit de chant d´amour au mot parlé ».

Nancy a commenté sa satisfaction pour rencontrer de nouveau l´oeuvre, y compris les romans, de Nicole, celle qu’elle considère comme une partie d´une nouvelle génération d´écrivains antillais d´expression française.

« J´ai pu vérifier dans le curriculum de Nicole une formidable expansion de toutes ses conditions comme écrivain, comme animatrice culturelle, comme promotrice, comme personne de théâtre, comme quelqu´un qui a fait, même, des expériences avec le yoga, avec ces cultures qui conforment aussi l´antillaise ».

Ce fut un programme avec des vers et de la musique, de saveur caribéenne.

Source: www.granma.cu
 

Ses oeuvres:

«Lavalas» (1993): poésie-jeunesse - recueil récompensé par une mention spéciale pour le prix Poésie Jeunesse (Ministère de la Jeunesse et des Sports et Maison de la Poésie à Paris)

«Arc-en-ciel, l’Espoir» (1996 – éd. Casa de las Americas): poésie-jeunesse – recueil récompensé par le prix Casa de las Americas (Cuba)

«C’est vole que je vole» (1998 – rééd. 2006 chez Les oiseaux de papier): l’errance mentale d’une héroïne, Malaïka, perdue dans sa folie. Une blessure à vif, un traumatisme d’enfance: l’inceste.


«Confidentiel » (2000 – éd. DAPPER): roman-jeunesse. En Martinique, Samuel, un jeune garçon sensible écrit son quotidien familial et ses sentiments pour la jeune Karen.

«L’Espagnole» (2002 – éd. Hatier International, coll. Monde noir): Elena a quitté sa République dominicaine pour fuir un drame familial et politique. Arrivée en Martinique, une seule issue de survie s’impose à elle et à l’enfant qu’elle porte: rejoindre le rang des «Espagnoles», les prostituées originaires des Antilles hispanophones.

«Aime comme Musique, comme Mourir d’aimer» (mars 2006 – éd. Scripta): une narratrice martiniquaise se confie dans l’écriture. Une rencontre qui la transporte au-delà de la morale: elle l’aime, il l’aime, mais ils sont chacun engagés maritalement. Leur union est musicale: sa voix à elle pare chaque son de flûte et de saxophone à lui.

 
La rédaction