LE FOURREAU DE L'ÉPÉE : ON NE PARLE JAMAIS DE LA TAILLE DES VAGINS

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Tant mieux ?

La taille. Quand on parle de sexe, cette question semble exclusivement masculine et source de complexes. De ceux qui aimeraient gagner quelques centimètres à ceux quI craignet d'en avoir trop. Quel homme n’a jamais accolé une règle à sa verge pour savoir combien elle mesurait ? Et si les chiffres masculins sont plutôt bien connus (10,5 cm au repos en moyenne, 15 cm en érection), chez les femmes, c’est encore une autre histoire. Le vagin est un tabou.

  Le fourreau de l’épée

Son étymologie, du latin « vagina » (« le fourreau ») explique peut-être en partie la gêne qui entoure ce mot. Dans l’émission « Le Magazine de la santé au quotidien », Alain Rey expliquait ainsi en 2011 :

« Le vagin, c’est une image, c’est une métaphore, c’est celle de la gaine, celle du fourreau. On a dit “vagin” au XVIIe siècle pour un fourreau d’épée. Donc ce n’était pas du tout fixé dans l’anatomie féminine. Et puis après, comme ce mot était indispensable, par exemple dans l’obstétrique ou dans la chirurgie qui se développe à cette époque-là, au XVIe, XVIIe siècle, le mot est devenu tel qu’on ne pouvait pas lui donner une autre valeur. »

Dans une étude italienne publiée en 2006 et menée auprès de 9 441
femmes âgées entre 18 et 44 ans, on apprenait que 78% des sondées s’accordaient à dire que les tabous sociétaux autour du vagin contribuaient à une ignorance des femmes.

Ensuite, seules 39% d’entre elles disaient avoir déjà lu un article informatif sur le vagin. Tandis que chez 47% n’avaient aucune idée de sa taille.

Moyenne : 8 cm de long, 4 cm de large

Rappelons-le donc ici : chez les femmes, les moyennes sont les suivantes : environ 8 cm de long et 4 cm de large.

Et comme chez les hommes, il y a des femmes qui vont stresser, avoir peur d’être hors-norme. Vagin trop petit. Trop large.

Quand je l’interroge à ce sujet, Delphine Hudry, gynécologue, explique que la question de la taille du vagin se pose parfois en consultation, mais très rarement :

« Il est plus souvent question d’un manque d’épanouissement sexuel, plus que d’une focalisation sur la taille. »

Pierre Barthélémy, journaliste au Monde, relatait que confrontées à ces complexes, en 2005, cinq gynécologues (des femmes) ont lancé une étude pour savoir ce qu’était la « norme » du sexe féminin.

Des vagins tous différents

Elles ont anesthésié 50 de leurs patientes, volontaires et de tous profils (mères, nullipares, actives sexuellement ou pas, sous pilule ou pas) puis elles ont pris des mesures. Résultat : les vagins sont tous différents. Mais est-ce perceptible pour autant ?

Vincent, 24 ans, avoue au téléphone en riant :

« Je me suis toujours posé cette question de la taille. Parce que moi, je n’ai jamais senti de différence entre les vagins et ça m’a toujours inquiété. »

Et les hommes hétérosexuels parlent-ils du vagin, comme certaines femmes parlent des verges, sous toutes les coutures ?

Sur les forums internet, on est un peu comme dans le pire bistrot de poivrots du coin et on trouve tous types de propos, plus pertinents les uns que les autres à ce sujet.

« Marre de ces vagins larges »

Après avoir lancé une discussion « Marre de ces vagins larges comme des bouches de métro », un certain Inconnu999 peste :

« J’ai un sexe tout ce qu’il y a de plus standard, voire L, et pourtant, avec certaines nanas, je ne sens presque rien, à peine un petit chatouillement. [...] Les vagins béants, c’est vraiment pas le pied ! ! ! »

Dimitri, 30 ans, me raconte lui qu’il ne confesserait jamais un tel problème (si tant est qu’il existe) à ses potes :

« Entre nous, on ne se raconte pas trop si une nana était “large” parce que ça pourrait aussi vouloir dire que c’est le mec qui a une petite bite. On se charrie déjà tellement là-dessus, entre nous, on ne va pas non plus tendre le bâton pour se faire battre. »

Large, serré...

Il se trouve, de toute manière, qu’il n’a jamais ressenti en pénétrant une femme qu’elle était, comme le dit cet internaute, « trop large » :

« Je crois qu’on n’en parle pas trop parce que qu’elle soit la taille, un mec peut prendre son pied. On mentionne juste la taille quand c’est plus serré parce que ça donne plus de plaisir. »

De sa copine actuelle, Diane, il dit d’ailleurs qu’elle est « très serrée » :

« Je le sens quand je la pénètre et dans les va-et-vient. Parce que quand c’est serré, c’est plus dur de tenir. »

Si pour Dimitri, un vagin serré est synonyme de plaisir, pour Greg, c’est plutôt tout le contraire.

« J’ai peur de lui faire mal »

A 29 ans, et après une dizaine de partenaires, pour lui, l’idée d’un vagin serré va surtout avec les douleurs que peut « provoquer » cette situation :

« Sur certaines positions avec une nana qui a le vagin serré, j’ai peur de lui faire mal. Pourtant, franchement, je ne suis pas particulièrement bien membré, mais il m’est déjà arrivé de me dire que je ne pouvais rien faire. »

Après plusieurs accouchements, le vagin peut certes être distendu, mais c’est bien pour cela qu’il existe des séances de rééducation du périnée. Et tout le reste, c’est un peu de la science-fiction. La gynécologue Delphine Hudry est assez catégorique :

« S’il n y a pas eu d’intervention chirurgicale de réduction, un vagin trop petit, ça n’existe pas. Sauf en cas de malformation génitale bien sûr. Mais c’est très rare. Le vagin, c’est un muscle, il change de taille. »

Bien foutu, l’organe est extensible, élastique. Pénétré par un pénis, il peut aller jusqu’à doubler sa longueur. Car, comme chez les hommes, le sexe féminin ne mesure pas le même nombre de centimètres au repos que dans l’excitation, comme le montre cette vidéo sur AlloDocteurs.fr (troisième vidéo).

Delphine Hudry fait remarquer qu’il peut arriver qu’un vagin soit « serré ». Ce n’est alors pas une fatalité, mais souvent la conséquence d’une mauvaise lubrification, d’une femme pas assez « préparée » à la relation sexuelle. Ce peut aussi être dû à un muscle trop tendu à l’entrée du vagin, au niveau du périnée : le releveur.

En consultation, la gynécologue prescrit des lubrifiants et dialogue avec sa patiente :

« En général, quand elle comprend ce qui se passe, la situation s’améliore. »

Et comme chez les hommes, Delphine Hudry insiste :

« Parler de taille normale, c’est dangereux. Ce qui compte, c’est le ressenti positif et la fonctionnalité de l’organe. »

En des termes plus potaches, on peut enfin citer Frédérique Bel qui, dans un sketch de « La Minute blonde », s’adressait aux hommes inquiets :

« Ce n’est pas la taille qui compte, c’est le goût ! »

Ça marche pour les femmes aussi.

SOURCE :  RUE89