"LES SAINT-AUBERT": RAPHAËL CONFIANT FAIT SA RENTRÉE LITTÉRAIRE

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« LES SAINT-AUBERT » : UNE SAGA MARTINIQUAISE AU XXe SIECLE


Voici un pari à première vue un peu fou : raconter l’histoire d’une famille martiniquaise sur tout le XXe siècle c’est-à-dire de 1900 à 1999. Ce pari, l’écrivain martiniquais Raphaël Confiant a décidé de le relever et vient de publier aux éditions ECRITURE le premier des cinq tomes de ce qui sera une véritable saga. Ce premier tome a pour titre « L’EN-ALLEE DU SIECLE » et met en scène une famille de descendants de « gens de couleur libres » qui s’est fait une place par le biais de la profession d’avocat dans le Saint-Pierre d’avant l’éruption de la montagne Pelée. L’auteur nous fait revivre l’atmosphère si particulière du « Petit Paris des Antilles », ses luttes incessantes entre Békés, mulâtres et nègres, ses journaux, ses duels, son théâtre, son activité portuaire, ses distilleries. Tout un monde renait sous nos yeux : le Morne d’Orange, les quartiers du Centre et du Mouillage, celui de La Galère où croupit la plèbe. Celui du Fort où règnent la classe blanche créole.



   Ferdinand Tertullien et son épouse Marie-Elodie ainsi que leurs quatre enfants, Saint-Just, Tertullien, Euphrasie et Florian représentent cette classe intermédiaire, celle que ne décrit ni « LA RUE CASES-NEGRES » de Joseph Zobel ni « LA GRANDE BEKEE » de Marie-Reine de Jaham. Cette classe que la littérature martiniquaise a soit toujours ignoré soit cloué au pilori (Césaire, Glissant, Salvat Etchard etc…) parce que coupable à leurs yeux du péché de soumission à la culture française et responsable de l’Assimilation. R. Confiant montre, en nous faisant pénétrer à l’intérieur d’une famille, que cette accusation quelque peu unilatérale se doit d’être modulée sio l’on veut comprendre de manière honnête la trajectoire historique du peuple martiniquais.

   Les Saint-Aubert seront bien évidemment affectés par l’éruption de la montagne Pelée et ceux d’entre eux qui en réchapperont se réinstalleront à Fort-de-France pour entamer une nouvelle existence. Là, ils seront rattrapés par la guerre de 1914-18 dans laquelle Tertullien sera mobilisé de même que le mari d’Euphrasie lequel perdra la vie dans les féroces combats des Dardanelles. 

   Vingt ans de vie martiniquaise (1900-1920) décortiqués par le menu. Ce roman est en quelque sorte un véritable traité d’histoire vivante.