MARTINIQUE - PORT DE GRAND' RIVIERE : L'ASSAUPAMAR SE FAIT ENTENDRE

Le port de pêche départemental de Grand ‘Rivière


par Arthur Trébeau

port.gd.riviere.jpg

Ce projet d’aménagement d’un montant initial de  23 032 959 € HT consistait à faire de ce port une infrastructure dédiée à la pèche ( 1 333 820 € HT) et au transport de passagers (21 699 139 € HT). Il   devait permettre :

  • - La résolution du problème d’ensablement dont l’ancien port (1998-1999)   était confrontée
  • - Le développement de l’activité pêche sur la commune 
  • - Le désenclavement de la commune de Grand’ Rivière



    ϖ

      Ce chantier, initialement  prévu comme très gros pourvoyeur d’emplois divers et variés, a ruiné les espoirs de la quasi majorité des prétendants. En effet, plus de  250 personnes majoritairement issues des communes du Grand ‘Nord se sont portées volontaires en s’inscrivant sur le registre ouvert à cet effet par la municipalité. Et, contrairement à ce qui était annoncé, l’entreprise portugaise qui officiait sur le chantier était complètement autonome quant au recrutement, et ainsi, on a pu dénombrer que  5 embauches de locaux

      Dès le début du chantier, l’ASSAUPAMAR (ASsociation pour la SAUvegarde  du PAtrimoine MARtiniquais) a alerté à plusieurs reprises la collectivité territoriale sur des risques potentiels de  dysfonctionnements d’ordre environnemental  tels que les prélèvements de roches dans le lit des rivières, les nuisances sonores et sur les problèmes inhérents à la poussière dégagée sur le chantier. 


      A titre d’exemple, les préconisations mentionnées dans le cahier des  clauses techniques particulières (CCTP) concernant l’enrochement naturel (article 4.11)  n’ont pas été respectées. En effet, à la page 48 du CCTP, il est stipulé : «L'Entrepreneur soumettra à l'agrément du maître d'œuvre les carrières qu'il a choisies. Les propositions devront être accompagnées de toutes les justifications nécessaires relatives à la nature de la roche en place, à ses conditions d'exploitation et aux quantités de matériaux que peuvent fournir ces carrières ». Hors  un prélèvement massif de roches a été entrepris dans le lit majeur de plusieurs rivières telles que la rivière de la Capot au quartier VIVE sur la commune du Lorrain.

      Par ailleurs, la société responsable des travaux avait  installé une entreprise  de concassage de roches dans le vieux bourg au lieu dit Bagasse qui fonctionnait de 06 h 30 à 17 h 30, sans interruption avec un bruit strident, insupportable. Le 19 juin 2008, suite à l’intervention sur le terrain de l’ASSAUPAMAR, le Conseil Général a fait arrêter ce chantier. Ce même jour, l’association a obtenu que des mesures efficaces soient prises pour atténuer  substantiellement  la poussière dégagée par le chantier. Avant la fin du chantier, l’ASSAUPAMAR a, à nouveau, interpellé la collectivité sur les risques  encourus en cas de forte houle  par les habitants du quartier Bagasse. L’enrochement censé protéger les habitations, a été enlevé  et utilisé pour l’aménagement du futur plan d’eau et à ce jour, la situation n’a pas évolué.

      • ϖ

      Dès le début du mois de juin 2010, soit 3 mois  seulement après la livraison du plan d’eau, on apercevait le début d’un ensablement en bordure de la digue. Aujourd’hui, le plan d’eau fait face à un sérieux problème d’ensablement, des habitations ont subis des dommages collatéraux dus au chantier et  les travaux d’aménagement des superstructures (aménagements à terre) n’ont pas débuté à ce jour, soit deux après la livraison du plan d’eau. 

      Nous sommes assez surpris  des réactions des responsables  concernant l’ensablement de ce plan d’eau, on notera des  discordances concernant les causes, certains évoquent  même de la « malchance ». Alors qu’à la lecture de l’étude d’impact  soumis au dossier de l’enquête publique, on pouvait lire à la page 22 paragraphe Processus sédimentologique : « En 1998, le transport  littoral du sable vers l’ouest  est évalué  par l’université Louis Pasteur à un volume compris entre 30 000 m3 et 100 000 m3 par an……..Une fois que le sable est accumulé à l’abri du port, il n’y a pas de courant littoral susceptible de déplacer les matériaux. Le port va continuer à se remplir de sable. »

      Aussi à la page 46, paragraphe ensablement et dimensionnement : «…. il n’y a pas grand-chose qui puisse être fait pour résoudre le problème complètement …» et  plusieurs options de choix dans la conception ont été  énumérées :  

      • Construction d'une extension du port s'étendant au moins è l'isobathe - 8 m,
      • Construction d'une digue basse perpendiculaire à la digue existante pour détourner le transport littoral de l'entrée,
      • Construction d'une porte à l'entrée qui ne sera ouverte que lorsque les bateaux de pêche auront besoin de rentrer ou de sortir du port,
      • Achat d'une drague et conduite des travaux de dragages lorsque cela est nécessaire.


             Aucune de ces options  n’ont été retenues par la collectivité territoriale.


      .

      Certes des opérations de dragage ont été effectuées en 2011 pour un montant de 80 000 € et d’autres sont en cours pour plus de 140 000 € dont l’objectif est de libérer la passe d’entrée et maintenir un état permettant la navigation. On constate qu’au delà de quelques semaines, le sable revient à sa place et que ces dragages  sont sans cesse plus lourds, donc plus chers.

       Il est à noter que les observations de l’ASAUPAMAR à l’enquête publique concernant l’ensablement stipulaient : 

      « La configuration du plan d’eau qui a été  retenue  risquait très certainement d’entrainer des couts de fonctionnement et d’entretien particulièrement élevés pour pallier au danger  d’accumulations importants de sédiments (sable)…… ». 

      • ϖ


      En plus de l’ensablement, des  habitations ont été endommagées par le chantier. On peut citer d’une part celles qui ont fait l’objet d’une expertise avant travaux et dont les propriétaires ont reçu du tribunal administratif le compte rendu. D’autre part, celles qui se trouvaient à coté de l’entreprise de concassage, non prévue initialement dans les clauses du chantier et dont aucune expertise avant travaux  n’a été diligentée.

      Aujourd’hui, aucune contre expertise n’a eu lieu, les propriétaires sont laissés pour compte.

      • ϖ

      Depuis plus d’une année, la sonnette d'alarme est tirée par des marins pêcheurs,  les choses ne semblent pas évoluer efficacement et durablement  sur le terrain, ce qui fait craindre une situation de fait accompli irrattrapable pour ce plan d’eau qui a nécessité des budgets importants. En effet, il est fait état que les dépenses s’élèvent à 32 000 000 €.

      En sus du problème d’ensablement, nous apprenons que les travaux prévus pour respecter les normes parasismiques concernant la digue en mer n’ont pas été réalisés. Devons nous craindre une catastrophe, en cas de séisme ?

                                                                                           02/05/2012     

              Arthur  TREBEAU 

                                  ASSAUPAMAR