MONTAGNE PELÉE : FAIRE DE LA VIGILANCE JAUNE VOLCANIQUE UN ATOUT DE DÉVELOPPEMENT DU NORD

Campus de Schoelcher – 4 déc.2020. La Montagne Pelée vient d’être placée en vigilance jaune du plan ORSEC, en raison de signes de réactivation notamment sismique et hydrothermale. L’annonce officielle de ce regain d’activités de la Pelée a suscité un certain émoi au sein de la population, le traumatisme des éruptions de 1902 et 1929 étant encore gravé dans la mémoire collective. La diffusion de Fake News, de théories complotistes et d’images virales n’ont fait qu’aggraver la situation.

Pourtant, à juste raison, les autorités étatiques et scientifiques se veulent rassurantes. Depuis les éruptions phréatiques de 1976, la Soufrière de Guadeloupe frémit et s’agite avec des épisodes sismiques prolongés qui ont conduit à son placement en vigilance jaune permanent depuis 1992 jusqu’à ce jour. Dès lors, puisque Dame Pelée fera l’objet de toutes les convoitises scientifiques internationales, organisons-nous pour faire de cette situation un atout de développement pour le Nord. L’avis favorable pour son inscription au Patrimoine Mondial de l’UNESCO venant d’être réitéré, c’est également l’occasion d’interpeler, à nouveau, le Président de la République pour une mise en œuvre rapide de ce projet de territoire.

Avant tout, une évidence mérite d’être rappelée. C’est le Pr Marc Chaussidon, Directeur de l’Institut Physique du Globe de Paris (IPGP), qui avait fait le déplacement pour la circonstance qui s’en charge : « La Montagne Pelée est un volcan vivant, actif ». Une vérité de La Palice qui ne devrait pas laisser place aux sempiternels atermoiements au moment même où l’on attend de nous un sens aigu des responsabilités. La Ville de Naples, située à 10 km au pied du Vésuve dont la dernière éruption remonte à mars 1944, en est une parfaite illustration. Les Napolitains exploitent cette exposition et ont fait du Vésuve un atout de développement économique.

Alors oui, sans jeu de mot, mettons le Nord en ébullition, hâtons-nous pour accueillir scientifiques, journalistes, visiteurs. Ré-ouvrons l’Hôtel Leyritz, faisons en sorte que l’EPFL (Établissement Public Foncier Local), propriétaire du Marouba, puisse activer le nouvel Appel à manifestation d’intérêt (AMI) et rouvrir encore plus tôt l’hôtel Marouba. Renforçons le plan d’aide aux restaurateurs et hôteliers du Nord. Réactualisons nos programmes communaux d’animation culturelle, pour faire de notre culture le socle de notre développement touristique. Insufflons une vraie dynamique de mise en valeur de nos savoir-faire culinaires. Impliquons d’avantage les artistes martiniquais dans la programmation évènementielle à l’instar du Festival Martinique Merveille du Monde.

Oui, chacun à son niveau devrait mettre de côté les petits calculs politiciens ou autres mesquineries électoralistes pour se retrousser les manches et travailler véritablement pour accompagner le Nord dans cette nouvelle épreuve.

La tenue l’année prochaine du Colloque international sur les volcans de type péléen annoncé aujourd’hui par Marc Chaussidon, s’inscrit dans cette dynamique-là. De même, la proposition faite par Alfred Marie-Jeanne lors de la signature de 2 conventions entre la CTM et l’IPGP, d’installer un Musée de la Volcanologie à l’ancien observatoire, participe de cette ambition-là. L’observatoire du Morne des Cadets construit en 1905 par Alfred Lacroix et inscrit au titre des monuments historiques, abrite un des deux sismographes de type Quervin-Picard, uniques au monde, et pourra accueillir des scientifiques et visiteurs du monde entier ainsi que nos jeunes scolaires dans un programme d’éducation au développement de la volcanologie.

C’est dire l’importance de la Conférence Territoriale, co-présidée par le Préfet et le Président du Conseil exécutif de la CTM, qui permettra de s’accorder sur le plan de gestion et les actions retenues. Programmée pour le mardi 8 décembre prochain, ladite Conférence devrait réunir l’ensemble des acteurs du territoire concernés par la mise en œuvre du programme d’actions de cette candidature.  Certes, ce label prestigieux UNESCO (Convention de 1972) devrait contribuer à l’augmentation de l’attractivité touristique et économique de tout un territoire. Mais d’ores et déjà, conscients de notre vulnérabilité, nous devons développer des stratégies résilientes pour préparer nos populations à convertir en atout, ces rappels à l’ordre de Dame Nature.

Louis Boutrin