LA QUESTION DU CONGRÈS : UN DOUBLE MENSONGE EN GUISE DE CLARIFICATION

Aux camarades du GRAN SANBLÉ POU MATINIK

Tout d’abord, en réponse à votre demande de signature du texte « La question du Congrès, une clarification nécessaire », je suis au regret de vous informer MARTINIQUE-ÉCOLOGIE ne le signera pas, les militants interrogés à cet effet étant majoritairement défavorables. D’autres membres du Gran Sanblé se sont prononcés également contre.

Et, afin d’éviter tout procès d’intention, je tiens à vous rappeler que c’est également à mon initiative que, très tôt, nous avons obtenu collégialement de la CTM l’organisation d’un Congrès des élus de Martinique en faveur d’une évolution institutionnelle voire statutaire (Voir communiqué du GSPM du 25 nov.2021).

Alors, de grâce, ne vous fatiguez pas à répandre vos sempiternels fantasmes du « janbé pak », mes prises de position s’inscrivent dans le droit fil d’une cohérence politique réaffirmée lors de notre dernier Congrès.  

Et, puisque je ne saurais être le complice d’une instrumentalisation du peuple martiniquais, permettez-moi également de tordre le cou à deux contrevérités savamment entretenues par Daniel MARIE-SAINTE et reprises dans votre texte.

1.  Le mensonge d’une « évolution dans le dos du peuple » :

Le 7 décembre 2003 puis le 10 janvier 2010, l’avenir du pays Martinique et de toute une génération a été sacrifié sur l’autel d’un prétendu « Chat an sak ».

Vingt ans après et en l’état actuel de l’avancée des travaux du Congrès, il est temps de mettre un terme à l’instrumentalisation du peuple et dire STOP au mensonge politique.

Car, objectivement, comme j’ai eu à vous le dire, rien ne vous autorise à affirmer dans votre fameuse « clarification » que :

« (…) notre devoir est de mettre en garde contre les décisions unilatérales qui souffrent d’une absence d’expression plurielle et de légitimité démocratique et d’exiger que soit poursuivie dans les formes la démarche du Congrès, car c’est au peuple Martiniquais qu’il revient de se prononcer en fin de compte sur toute évolution institutionnelle ».

En ma qualité de co-animateur de la Commission ad hoc relative aux « Nouvelles compétences et pouvoirs normatifs à négocier », je m’inscris en faux contre de telles allégations. 

Pour mémoire, je viens d’adjoindre une proposition de préambule au document de synthèse du Congrès qui, conformément aux dispositions de l’article 72-4 de la Constitution, rappelle un principe majeur garantissant notre assentiment démocratique :

« Aucun changement, qu’il soit de nature institutionnelle ou statutaire, ne peut s’effectuer sans que le consentement des électeurs martiniquais ait été recueilli préalablement ».

En vertu de ces principes, notre rôle en tant qu’élus n’est pas d’entretenir la confusion mais de nous engager à tout mettre en œuvre pour que la volonté des électeurs puisse s’exprimer sur le fondement d’une information claire et accessible afin qu’ils se prononcent en ayant connaissance des conséquences de leur choix.

Et ce souci partagé, Daniel MARIE-SAINTE qui participe à mes côtés aux réunions de la Commission ad hoc le sait pertinemment !

2.  Le mensonge des décisions illégitimes portées au CIOM

S’agissant du Comité Interministériel des Outre-Mer (CIOM), il est tout aussi faux de répandre que les propositions faites par la CTM dans le cadre du CIOM manquent de légitimité démocratique et « qu’il est de notre devoir de mettre en garde contre des décisions unilatérales qui souffriraient d’une absence d’expression plurielle ». Du bla-bla-bla !

Mis en place par le Gouvernement en septembre 2019 pour assurer le suivi des principales actions menées depuis la fin des Assisses pour l’Outre-Mer, c’est à ce titre qu’Alfred MARIE-JEANNE y a participé pour présenter nos propositions retenues dans le Livre Bleu pour l’Outre-Mer en présence du Président MACRON, de la Ministre Annick GIRARDIN et de l’ensemble des exécutifs d’Outre-Mer. Est-ce à dire, suivant votre logique, que nos propositions au CIOM de 2019 étaient, elles aussi, frappées du sceau de l’illégitimité ?

Il n’y a donc aucun amalgame à entretenir entre la tenue du CIOM, à l’initiative du Gouvernement, et notre volonté partagée d’une évolution institutionnelle aussi bien en Martinique, en Guyane, en Polynésie française ou, tout récemment en Corse.

La différence entre septembre 2019 et juillet 2023, je vous l’accorde, c’est qu’aujourd’hui le CIOM se tient en pleine revendication d’une révision statutaire par l’ensemble des Outre-mer.

En 2019, c’était loin d’être le cas ! Nous étions pieds et mains liés par un Contrat de mandature dont l’article 8 nous imposait « un pacte de stabilité statutaire durant la mandature ». En clair, même si votre posture rigide vous empêche de l’admettre, à notre tour, nous avons signé un moratoire avec la Droite martiniquaise pour la gestion de la CTM.  En tant que juriste et auteur de ce « Contrat de mandature », j’avoue qu’il s’agit bel et bien d’un moratoire sur la question institutionnelle puisqu’il traduisait une exigence politique de « Ba péyi-a an chans » pour ne « pas effaroucher ses électeurs ». Le résultat est aujourd’hui connu…

Par sa célèbre citation, Franklin Roosevelt rappelait que « la répétition ne transformera pas un mensonge en vérité ».  La répétition du double mensonge de votre texte sur le Congrès des élus n’en fera pas une clarification et, encore moins une vérité.

À BON ENTENDEUR SALUT !

Martinique, le 15 juillet 2023

Louis BOUTRIN
Président de MARTINIQUE-ÉCOLOGIE
Membre fondateur du GRAN SANBLÉ