SARKOZY ET l'ABOLITION DE l'ESCLAVAGE

Le chef de l'État présidait dans les jardins du Luxembourg, sous un ciel radieux, les cérémonies de la troisième journée nationale de commémoration des "mémoires de la traite négrière de l'esclavage et de leurs abolitions", instaurée en 2006 par son prédécesseur Jacques Chirac.

Plusieurs autres manifestations, défilés, hommages au poète martiniquais défunt Aimé Césaire se sont déroulées en France. Ainsi à Bordeaux, qui fut un des principaux ports négriers, en présence de Michaëlle Jean, gouverneur général du Canada mais aussi descendante d'esclaves haïtiens.

Dans les rues de Paris, un millier de personnes ont participé à une "marche des libertés" aux cris de "Á bas les préjugés".

Evoquant l'esclavage des noirs, "blessure profonde qui pèse encore sur les consciences", "crime contre l'humanité", M. Sarkozy a, dans son discours, exhorté à regarder "cette histoire telle qu'elle a été", car "c'est l'histoire de France".

 

 

Auparavant,
devant une foule rassemblée autour de la sculpture "Le Cri, l'Ecrit" de
l'artiste français Fabrice Hyber, constituée de trois maillons d'une
chaîne brisée, M. Sarkozy avait visité l'exposition en plein air
consacrée au chevalier de Saint-George.

Des
oeuvres de celui qui fut au XVIIIè siècle le premier compositeur noir
de l'histoire de la musique occidentale, ont été interprétées par les
Archets de Paris. 300 enfants - la moitié venant de Seine-Saint-Denis -
ont chanté un choeur d'opéra de Saint-George, "Aimons-nous".

Le
président était accompagné des ministres Michèle Alliot-Marie
(Intérieur), Christine Albanel (Culture) et Yves Jégo (Outre-mer).

M.
Jégo a par la suite lancé, depuis son ministère, "un mémorial virtuel"
électronique sur l'esclavage, pour "faire travailler ensemble
historiens et chercheurs de différents pays".
Christiane
Taubira, député radicale de Guyane, avait, avant le discours de M.
Sarkozy, souhaité qu'il "rattrape celui de Dakar", dans lequel des
intellectuels africains avaient dénoncé des "préjugés séculaires".

Le
PS pour sa part a rappelé dans un communiqué que peu après son élection
le 10 mai 1981, François Mitterrand avait déposé au Panthéon une rose
sur le tombeau de Victor Schoelcher, père de l'abolition.

Le
chef de l'Etat a annoncé que "la traite des Noirs, l'esclavage ainsi
que leurs abolitions" seraient enseignées à l'école primaire "dès la
rentrée prochaine".

Il
a confirmé que le 23 mai serait "une journée commémorative" pour les
associations de Français d'Outre-mer vivant en métropole. Ce qui
donnera satisfaction aux nombreux tenants de cette date, pour
commémorer cette page sombre de l'histoire.

"Je
pense à Aimé Césaire", a dit M. Sarkozy qui avait assisté à ses
funérailles en Martinique. "L'émotion provoquée par (sa) disparition
montre à quel point nous sommes toujours à la recherche de notre
histoire".

Mais,
a poursuivi le chef de l'Etat, "cette célébration ne doit pas être
seulement un rappel historique "car des millions de personnes sont
encore victimes de la traite. Elles demeurent privées de liberté,
soumises à des conditions d'exploitation brutales".

Il
a évoqué "la tragédie que vit le peuple de Birmanie", ravagée par un
cyclone et dont le régime "éminemment condamnable, empêche le
débarquement de vivres" pour aider les centaines de milliers de
sans-logis.