Dans une interview accordée au quotidien France-Antilles, Patrick CHAMOISEAU revient sur l'épineuse question de l'identité nationale. Un sujet qui a fait l'objet d'un essai co-signé avec Edouard GLISSANT : "Quand les murs tombent"
Patrick CHAMOISEAU
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Rudy RABATHALY (F.A.) - Vous venez de publier un roman qui s’intitule « Un dimanche au cachot », et, avec Édouard Glissant, un opuscule intitulé « Quand les murs tombent. L’identité nationale Hors la loi ? » Ce dernier titre est symbolique et laisse à penser que, selon vous, sur la question de l’identité nationale, l’État et son gouvernement foncent tout droit dans le mur ?
Patrick Chamoiseau – En fait ces deux ouvrages parlent du même thème : l’identité. Et il me semble que si la question identitaire a toujours été lancinante chez nous, notamment en littérature, elle le devient de plus en plus pour tous les individus et les peuples du monde. Quand on voit qu’en plein 21ème siècle, sur la terre des « Droits de l’Homme », un gouvernement démocratique crée un « ministère de l’identité » et que ce même ministère est chargé de réprimer toute immigration, de dresser un mur entre
la France et les peuples non européens, on se dit qu’il y a là une régression majeure et que cette régression est liée à un obscurcissement de la notion d’identité. La vente de cet opuscule servira à aider les associations de sans-papiers.
F.A. – En quoi est-ce une régression ?
P.C. - Créer un ministère de l’identité nationale, c’est considérer que l’identité, individuelle ou collective, relèverait d’une essence intangible, d’un pur trésor fixe qu’il faudrait préserver de toute contamination, surtout de celles qui proviendraient d’Afrique ou des terres non occidentales. Pour bien comprendre l’aberration de cette création (qui n’a pas beaucoup ému les intellectuels français), il suffit de voir ce qui s’est produit quelques temps après. On commence à boucler des quartiers entiers, et comme aux pires époques à opérer de véritable « rafles » sur tous les immigrés, on impose aux préfets des objectifs pré-chiffrés qu’ils doivent atteindre coûte que coûte, on traque des enfants et des vieillards, on précipite dans la terreur des centaines de familles dont certains membres se jettent par des fenêtres… Et pour couronner le tout, on a recours à des tests ADN d’une manière qui relève de la purification ethnique par le biais des gênes… Accepter qu’un ministère s’occupe de l’identité nationale c’est rentrer poings et mains liés dans cette logique là…
F.A. - Comment définiriez vous l’identité, individuelle ou nationale ?
P.C. - L’identité n’apparaît que lorsque l’on est confronté à « l’Autre ». Quand je dis « l’Autre », je ne parle pas seulement d’un étranger, d’une personne différente de moi qui parlerait une autre langue, qui aurait une autre couleur de peau, un autre dieu, une autre musique… « L’Autre », doit se concevoir au sens où l’entendait Derrida, c’est à dire : ce qui advient, ce qui survient, c’est l’imprévisible, l’imprédictible, c’est l’inconnaissable, l’incalculable, c’est l’impensable… « L’Autre » c’est un évènement au sens le plus complet du terme…
F.A. - Et cet « évènement » suscite l’identité ? P.C. - Quand on est confronté à «l’Autre », la question n’est seulement de savoir Qui je suis ?, mais de savoir : Qu’est-ce que je peux devenir en face de cela, qu’est-ce que je peux faire de cet évènement, comment l’appréhender au mieux ? L’esclavage aux Amériques a été un deshumain grandiose, un événement définitivement impensable, un « Autre » démesuré que j’explore dans le roman « Un dimanche au cachot ». L’esclavage de type américain est un « Autre » qui a modifié l’idée même que l’on pouvait se faire jusqu’alors de l’identité et qui, dans ses résultantes, a exacerbé sa face souple, relationnelle, protéiforme et fluide…
F.A.- L’identité créole ?
P.C. – Exact. Nous, créoles américains, nous savons mieux que tout autre, que l’identité n’est pas une essence fixe mais un appareillage relationnel, sensible, intime, culturel et symbolique, qui me permet de vivre au mieux, d’exister au mieux, et de tirer richesse de l’évènement qu’est « l’Autre ». Chaque rencontre avec un « Autre » modifie, augmente, impressionne, cet appareillage intime, culturel et symbolique… On comprend donc que l’identité me permet de vivre au plus intense, d’exister vraiment, de m’épanouir vraiment…
F.A.- L’identité comme outil d’existence ?
P.C. – Tout à fait. Celui qui ne disposerait pas de cet appareillage, ou qui essaierait de le figer ou de l’administrer, ou de l’enfermer derrière un mur ou derrière un ministère, se mettrait à vivre d’une sorte minérale ou végétative, ou pire : à la manière des nazis et des racistes purificateurs… On n’existe que dans son rapport à « l’Autre », étant bien entendu que « l’Autre » peut aussi être soi-même, le mystère infini de soi-même auquel on est confronté à mesure que la conscience et la connaissance que l’on a de soi s’amplifient…
F.A. - Le concept d’État-nation est à dépasser en Occident ou sur la totalité du monde ?
P.C. - Il est déjà dépassé. Les capitalistes financiers ne se connaissent plus de race, de peau, de drapeau ou de nation. Ils ont trente ans d’avance en matière d’emprise sur la totalité-monde, et leurs exactions libérales sont désormais hors d’atteinte des législations nationales. Un capitaliste libéral japonais, ou un français, ou un indien ou un martiniquais, sont identiques dans leur imaginaire. Dans la finance, il n’y a plus d’occidentaux ou de non occidentaux, il n’y a que des logiques d’exploitation et de profit qui sont devenues le moteur virulent de la mondialisation. Il nous faut des institutions progressistes meta-nationales, voire mondiales, pour tenter de réinstaller un cadre de progrès humain opposable à ces nouveaux monstres dans tous les coins du monde…
F.A. – Et pour
la Martinique , Guadeloupe ou Guyane ?
P.C. -
La Martinique , comme
la Guadeloupe ou
la Guyane , est une nation naturelle, une nation sans État. Mais nous devons réfléchir tout de suite à cette dimension meta-nationale pour dessiner les contours que devra prendre notre nécessaire souveraineté… C’est difficile à penser. Ça l’est déjà pour les nations qui disposent d’un Etat, ça l’est aussi pour les nations qui n’en disposent pas encore… mais la difficulté n’est pas la même : du fait de l’absence de tradition étatique, nous serons sans doute plus libres pour élaborer des gouvernances inédites…
F.A. - Quelle serait la meilleure parade à la régulation de l’immigration en France, en Guyane, en Guadeloupe ou en Martinique ?
P.C. - Il faut distinguer deux domaines : celui de « l‘action politique » et celui des « valeurs ». L’action politique se doit d’être réaliste, pragmatique, proche des préoccupations quotidiennes de citoyens. Et c’est vrai que certaines personnes en Guyane, Guadeloupe ou Martinique, ou en France, rencontrent des difficultés et des problèmes réels ou imaginaires en face des phénomènes migratoires. Une action politique doit en tenir compte mais en se soumettant à des principes et des valeurs, non pas en les bafouant.
La France à une image mondiale, c’est celle des Droits de l’Homme, c’est celle de la liberté élevée à sa plus haute exigence, et elle bafoue ce visage pour des calculs politiciens...
F.A. - Que faudrait-il faire ?
P.C. - Agir mais en n’oubliant pas que tout immigré est une chance offerte, une richesse qui survient, que tout individu, toute nation ne peut tirer son épanouissement que dans son ouverture au monde. En n’oubliant pas aussi que les flux migratoires proviennent des exploitations et des misères mises en oeuvre ou provoquées par les pays riches et les pratiques libérales, et que la maigreur de l’un provient de l’obésité de l’autre, et vice versa, et qu’aucune obésité ne peut se maintenir longtemps dans un tel océan de maigreurs… Si on agit avec cette conscience juste et ces valeurs cela changerait complètement l’action politique en matière d’immigration…
F.A. - Et pour
la Martinique ?
P.C. - En ce qui concerne
la Martinique , je pense par exemple, que les descendants d’Amérindiens sont des citoyens de droit de notre pays, comme ils devraient l’être pour tous les pays de
la Caraïbe. Je pense aussi que tous nos plans de développement ou d’épanouissement ne peuvent s’envisager que dans le co-développement,
an Larond fos, avec nos voisins immédiats, de Sainte Lucie, Dominique, Haïti.. etc. Il faut dès à présent les regarder non pas en se disant
« Qu’est-ce que nous pouvons leur apporter ? », mais «
Qu’est-ce qu’ils peuvent nous apporter ?». Cette inversion de l’approche est déterminante. Celui qui croit tout apporter ne peut rien recevoir. Et dans la perspective d’un développement écologique ce qu’ils peuvent nous apporter est immense à tous points de vue…
F.A. - L’identité-relationnelle peut-elle se concevoir sur des bases d’échanges inégaux (pays développés, pays sous-développés, peuples riches, peuples pauvres…) ?
P.C. - La relation véritable à l’Autre engendre naturellement justice, équilibre, équité, conscience que ce que je suis dépend de ce qu’est l’autre, que la richesse de l’autre est la mienne, et que la mienne passe par la sienne… La difficulté c’est que nous sommes devenus des peuples d’individus en face de la totalité-monde. Les emprises communautaires, la face collective de l’identité, ne sont plus aussi contraignantes qu’avant. Chacun peut construire sa vie, sa sexualité, sa famille, son rapport aux femmes, choisir sa terre natale, sa langue, sa musique, selon une échelle de valeurs et de principes, qu’il doit élaborer lui-même sur la base des valeurs générales communément admises….
F.A. - Lesquelles ?
P.C. - Démocratie, non ingérence, droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, égalité homme femme, respect de l’enfance, primat de
la Raison , nécessité du symbolique, réinscription de l’Homme dans la chaîne transversale du vivant… etc, etc.… Ces valeurs sont laïques et elles ont dépassé les cadres moraux, nationaux ou ethniques…
F.A. - Une sorte d’humanisme mondialisé ?
P.C. - Disons que ces valeurs relèvent non pas d’un « humanisme » (car l’homme n’est pas l’aboutissement du vivant, ni le centre) mais d’une « juste conscience ». Ce qui fait que les nouvelles fraternités, se construisent non pas selon les vieux critères communautaires (la même peau, la même terre natale, la même langue ou le même dieu) mais selon des structures d’imaginaire. Mme Condoleeza Rice est noire mais elle n’a rien à voir avec M. Mandela ni avec M. Césaire, elle est identique à Bush. Du point de vue de l’imaginaire, Mme Rachida Dati c’est avant tout un clone de M. Sarkozy… Si le capitalisme libéral financier est aujourd’hui puissant et sans rival c’est parce qu’il s’est dépris des vieilles identité closes et de leurs oripeaux. Il est la seule idéologie politico-économique qui s’adresse non pas à des peuples mais à des individus. La seule idéologie qui sait s’adresser à des individus et agir sur les échelles de valeurs qu’ils se construisent. Socialismes et communismes, dans leurs mises en oeuvre actuelles, s’adressent encore hélas à des peuples compacts, des imaginaires de groupe, des classes sociales homogènes... Le champ de bataille est désormais dans l’imaginaire, il nous faut changer les imaginaires, retrouver par ce changement les nouvelles bases du progrès social, du développement juste, de la fraternité et de la solidarité nouvelles… Un nouvel imaginaire peut aussi nous permettre de relire Marx autrement…
F.A. - Le terrorisme ou encore les intégrismes participent-ils des fameux murs identitaires ?
P.C. - L’intégrisme relève du mur identitaire. Il dresse un mur pour lutter contre la domination occidentale, et il s’étouffe ainsi. Les murs étouffent d’abord ceux qui les dressent. Le terrorisme est une forme de résistance sans espoir et sans moyens, un désespoir orgueilleux qui ne comprend plus les forces agissantes dans le monde, et qui réagit de manière brutale et aveugle. Et tous commettent une erreur. L’ennemi ce n’est plus l’Occident, c’est la brouillasse des capitalistes financiers sans nation, sans terre, sans drapeau, sans visages, et qui s’entendent entre eux. C’est cela qui standardise les peuples, qui les transforme en troupeaux de consommateurs, c’est par là que toutes les modélisations s’imposent. L’idée du « choc des civilisations » est une absurdité qui ne sert qu’à cacher le lieu du vrai combat. Dans les masses financières qui régentent la vie du monde, il a y de l’arabe, du japonais, du chinois, toutes sortes d’avidités invisibles qui ne sont pas occidentales, et celles qui proviennent d‘occident n’ont plus besoin de cette origine pour s’étendre et fructifier…
F.A. - Quasiment tous les mouvements anticolonialistes se sont construits autour d’une identité racine. Les Antilles françaises poursuivent encore aujourd’hui dans cette voie et vous dites qu’elle est bouchée…
P.C. - Parce que dans les luttes anticolonialistes classiques, il existait un « avant » le colonisateur. Toutes les décolonisations ont mobilisé la langue, les traditions, la culture d’avant l’arrivée du colonisateur pour organiser leur résistance. Le problème c’est que nous, créoles américains, sommes nés dans la colonisation. Ce qu’il y avait avant, les sociétés amérindiennes, a été démembré. Ce qui fait que le colonisateur est dans notre langue, dans nos gênes, dans nos traditions, dans notre musique, dans notre imaginaire... Nous relevons d’emblée d’une identité relationnelle inédite… Difficile de trouver comment résister avec cela. Devant une telle difficulté, Fanon lui-même a préféré endosser un autre combat…
F.A. - Que faire alors ?
P.C. - Nous devons inventer de nouvelles formes, non de « résistance » qui est l’affaire du simple rebelle, mais « d’existence totale » qui est l’affaire du Guerrier. Notre peuple composite doit trouver des solidarités neuves pour relier les individus-à-imaginaire-mosaïque qui le composent. Il doit aussi s’efforcer d’entrer d’une manière inédite dans un monde qui change et qui va encore changer à grande vitesse. Nous ne devons renoncer à aucune liberté, à commencer par la nôtre. Je suis et resterai indépendantiste, mais j’appelle indépendance « la maîtrise des interdépendances qui nous seront nécessaires ». Cela change tout. L’imaginaire relationnel m’a appris qu’il nous faut non pas rompre des liens, mais les transformer en véritables flux relationnels, en construire un maximum, les multiplier, les démultiplier, se libérer ainsi dans
la Relation vive… C’est une autre manière de penser l’indépendance... Une manière de Guerrier.
F.A. - Vous rangez l’indépendance nationale au chapitre des utopies ?
P.C. - Non, ce n’est pas une utopie. Les décolonisations des années 50 ont fait disparaître les administrations coloniales mais pas l’esprit colonial. Et nous avons à lutter non pas contre le colonisateur qu’ont connu les africains, les algériens ou les vietnamiens, mais contre « un esprit colonial » qui peut subsister dans la bienveillance, la gentillesse, le tutoiement, l’assistance, l’aide, le paternalisme, la reconnaissance linguistique ou culturelle… Le sigle « DOM-TOM » c’est l’esprit colonial. Penser que
la Martinique peut se développer sans responsabilité, ne pas placer la responsabilité collective qui illumine les responsabilités individuelles, en dynamique de toute politique de développement, est un des symptômes de l’esprit colonial. Revendiquer la responsabilité pour les martiniquais, des espaces de souveraineté ou même la souveraineté pleine et entière, n’est pas une utopie, c’est une nécessité élémentaire qui ne peut affoler que les étroitesses de
l’esprit colonial. L’utopie c’est autre chose…
F.A - C’est quoi ?
P. C. - C’est ce que le réel ne peut plus imaginer. J’imagine très bien notre souveraineté...
F.A. - Aprézan, comme vous l’avez dit après Dean, n’est pas seulement une affaire martiniquaise…
P.C. - C’est l’affaire de tous. Le monde va connaître des mutations majeures, des pandémies imprévisibles et imparables, des tourmentes climatiques, et un choc biologique jamais connu auparavant dans la disparition accélérée de la biodiversité. Il faut désormais tout repenser, et l’affaire du chlordécone n’a qu’une vertu : c’est de démontrer que si les martiniquais continuent de déléguer à d’autres qu’eux-mêmes, leur santé, leur survie, leur pensée, leur développement, et la lutte qu’il auront à mener contre les destructions naturelles massives à venir, ils connaîtront de vastes désillusions... Il nous faut prendre la main.
F.A. - Le maire de Fort-de-France, Serge Letchimy, revendique un statut écologique dérogatoire. N’est-il pas temps de penser notre développement autrement que par dérogation ?
P.C. - Je préfère déroger à l’assistanat, à la dépendance et à l’irresponsabilité, plutôt que de m’y adapter. Déroger, c’est : ne pas se conformer, prendre l’écart. C’est aussi porter atteinte, et c’est de toute manière aller en extension. Je suis indépendantiste mais je ne cracherai pas sur l’autonomie. Et je ne crache pas non plus sur la moindre extension qui me permettrait de m’occuper moi-même d’une part de mon épanouissement, de ma sauvegarde, ou de ma projection au monde. Il faut tout faire pour ne pas laisser apparaître et s’installer une écologie assimilationniste…
F.A. - Qu’est-ce que vous appelez « écologie assimilationniste » ?
P.C. – Une pratique écologique vertueuse qui ne ferait que nous installer dans plus de dépendance et d’assistanat. Si la conscience écologique qui s’élargit aujourd’hui chez nous peut être mise au service d’une conscience nationale comme le propose M. Letchimy, je dis que c’est tant mieux. M. Garcin Malsa dans «
La Mutation Martinique » parlait de « souveraineté optimale », ce qui veut dire : conquérir pas à pas le maximum d’espaces de souveraineté possibles compte tenu du degré de conscience des martiniquais… L’approche est imparable. Attendre le grand soir, la grande liberté totale et majestueuse, est une forme de renoncement à la liberté, un immobilisme suspect que beaucoup d’indépendantistes purs et durs pratiquent de manière confortable. En revanche, aller,
bay douvan pas à pas, conquérir des espaces, dégager, « se dégager » au sens créole de
dégajé, aller de libertés en libertés et se construire avec, est absolument recevable…
F.A. - Vous êtes inscrit au PPM ?
P.C. - Non, je suis indépendantiste, mais je suis martiniquais. Pour moi, M. Letchimy a une bonne idée, et c’est en tant qu’indépendantiste que je soutiens une idée qui s’efforce de définir du « libre » dans une nécessité incontournable… Et l’apport de cette idée par rapport au Schéma Régional de Développement ou l’Agenda 21 du Conseil général, c’est que la responsabilité est posée comme principe de la sauvegarde et du développement, ce n’est pas simplement une annexe… De plus, ces trois projets sont absolument compatibles et complémentaires. On verra s’il existe suffisamment de maturité politique dans ce pays pour qu’une union sacrée se fasse autour de ces trois perspectives…Les martiniquais devraient d’ailleurs l’exiger… Quand on vous soumet une idée de développement, cherchez la dose de « libre », la dose de dégajé qu’il y a dedans, et s’il y en a pas ou peu, c’est qu’elle n’est pas pertinente... Un dégagé juridique comme ce que propose M. Letchimy nous permettrait de mettre en œuvre tous les axes classiques de développement tout en réglant nos mapians : espaces de souveraineté, assemblée unique, pouvoir législatif, protection de nos sols, contrôle de nos emplois, capacité à entrer en relation directe avec la caraïbe… et tout cela sur fond de crise écologique, donc de danger qui aiguise les imaginations et fait croître ce qui sauve… Je travaille avec lui sur cette idée. Il nous faut tous la fréquenter, l’amplifier au maximum en relation avec les autres projets …Vous pouvez être des nôtres.
F.A. - Votre réflexion après Dean vous a valu les foudres de guerre de certains intellectuels. Là aussi, vous ne pensez pas que l’on va dans le mur ?…
P.C. - Je n’ai pas vu de foudres, je n’ai vu là que deux souffrances pathétiques. Il vaut mieux laisser cela à la psychanalyse.
Propos recueillis par Rudy Rabathaly.