Contribution de Lucien Pavilla

Quelle place pour la lecture publique dans nos chantiers de développement ?

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C'est la question posée par Lucien Pavilla, bibliothécaire, dans une contribution qui relève de la culture, de l'économie mais aussi du politique.  

 

 

La lecturepublique en Martinique : une idée de développement

Depuis les lois de décentralisation de 1983, les bibliothèques se sont développées dans toute la France et la Martinique est restée en rade. Pourtant, l’arsenal juridique mis en place par le gouvernement de l’époque y était favorable.

Aujourd’hui, sur les 34 communes que compte l’Ile  très peu sont dotées d’une structure qui favoriserait un développement harmonieux de la lecture sur son territoire. Quand la structure existe les moyens financiers et humains ne suivent pas : pas de véritable politique documentaire ni formation appropriée pour les personnels ; les formations post-concours sont elles adaptées, je m’interroge ?

La Bibliothèque départementale de prêt (BDP) qui a compétence en matière de lecture publique en a-t-elle, à elle seule, les moyens de répondre du Nord au Sud et d’Est en Ouest aux besoins de la population malgré la bonne volonté du Conseil général ?

La Bibliothèque Schoelcher quant à elle, ses missions sont autres et l’idée de la sortir de ses murs n’a pas fait l’objet de réflexion.

Par conséquent, on s’aperçoit que les principaux équipements sont concentrés dans le secteur Centre et que les autres couches de la population sont isolées et donc démunies.

Si nous voulons combattre l’illettrisme dans les coins les plus reculés il faut permettre à ces populations de s’approprier l’objet livre,l ’école seule ne suffit pas

Il est donc temps que tous ceux qui sont sensibles àl’avenir de nos enfants, et là je lance un appel aux politiques et aux professionnels, oeuvrent ensemble pour mettre en place un véritable projet de développement de la lecture publique en Martinique. Il y a eu des assises en 2000, elles ont accouché d’une souris.

Comment je conçois la lecture publique en Martinique ?

La structure réseau

Il faut constituer des réseaux de bibliothèques, et là je n’invente rien en disant cela, du Nord au Sud et d’Est en Ouest. J’en vois trois et ces trois grands réseaux s’appuieraient sur l’organisation administrative et politique de ces territoires : le secteur Nord, le Sud et le Centre

Le Nord, territoire de la CCNM

Il serait divisé en trois sous ensembles :

            Le réseau Nord caraïbe qui s’étendrait de Case Pilote au Prêcheur en passant parle Morne Vert, Fond Saint Denis et Morne Rouge

            Deux réseaux sur le territoire du Nord Atlantique :

            Le réseau « Grand Nord » (Ajoupa Bouillon, Grand Rivière, Macouba, Basse-Pointe, Lorrain, Marigot)          

            Le réseau « Façade Est » constitué de Sainte marie, Trinité Gros Morne, Robert

Le Sud, territoire de l’Espace Sud

Pour tenir compte là aussi de la structure géographique du Pays cet ensemble serait divisé en trois sous ensembles :

            Un réseau regroupant les communes de Ducos, François, Saint Esprit et Vauclin

            Un réseau pour le territoire : Rivière Salée, Trois Ilets, Anses d’Arlet,Diamant

            Un réseau : Sainte Luce, Rivière Pilote, Marin, Sainte Anne

Le territoire de la CACEM

L’importante concentration de la population sur ce territoire m’amène à penser qu’il faut créer deux sous ensembles :

            Fort-de-France,Schoelcher

            Lamentin,Saint Joseph.

Pour quelle organisation ?

Seules les grandes lignes seront présentées ici et l’organisation que je propose se décline en trois parties :

                        L’organisation fonctionnelle

                        L’organisation bibliothéconomique

                        La formation des personnels.

L’organisation fonctionnelle 

Chaque grand secteur devra développer sa propre politique documentaire avec une inter connexion entre eux, la technique le permet.

Une bibliothèque tête de réseau serait créée à l’intérieurde chaque sous ensemble afin de répartir l’offre documentaire de façon harmonieuse car les territoires sont dispersés et le transport pas ou peu développé.

L’organisation bibliothéconomique

Quatre aspects doivent être étudiés :

           Le développement des collections avec pour corollaire une politique d’acquisition (qui achètequoi et comment ?)

            La communication du document

            La conservation du document (qui conserve quoi ? comment conserver ? faut-il conserver ?).

            La médiation autour du livre

La formation des personnels

Des formations adaptées aux besoins des bibliothèques seront mises en place :

            En bibliothéconomie

            En management de bibliothèques

            En animation

Sans faire injure à quiconque, Il faut arrêter de penser qu’un animateur culturel est bibliothécaire, ce n’est pas le même métier, l’infirmier n’est pas médecin.

Avec cette organisation, des réseaux sont constitués et répartis sur tout le territoire, n’y voyez aucune remise en cause des missions de la BDP, au contraire elle est au cœur de la réflexion.

Sans aucune prétention de ma part, je souhaite simplement que ces pistes de réflexion réveillent les consciences et qu’enfin politiques et professionnels se mettent autour de la table pour élaborer un véritable plan de développement de la lecture publique.

Je suis conscient que la Martinique traverse une crise profonde et que les financements ne sont peut-être pas disponibles, mais puisque la Martinique est en chantier, puisque les Etats généraux sont pour bientôt, puisqu’il y a un Agenda 21 puisqu’il y a un Schéma Martiniquais de Développement Economique quelle place occupe la lecture publique dans ces chantiers ?

                                                                                                            LucienPAVILLA  -  Bibliothécaire