Crise à l'U.A.G

Lettre Ouverte du Comité de Sauvegarde de l'U.A.G.

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Suite au vote de défiance qui a conduit au non-renouvellement de Georges VIRASSAMY au poste de Président, l'U.A.G. est en pleine effervescence.

Notre rédaction met en ligne la Lettre Ouverte que vient de nous adresser le Comité  de Sauvegarde de l'U.A.G. 

   Lettre ouverte sur le devenir de l’Université des Antilles et de la Guyane

 

   La situation universitaire dans nos pays est d’une gravité extrême. L’UAG se trouve, en effet, à la croisée des chemins. Autant dire qu’elle est au bord de l’implosion. La non-reconduction de Georges Virassamy à la tête de notre université, suite à un vote du conseil d’administration (C.A.) qui s’est déroulé le mercredi 10 décembre sur le campus de Schoelcher, ouvre une crise sans précédent. Désormais, tout est bloqué. Ni le Conseil d’Administration ni les autres conseils (Conseil Scientifique et Conseil des Etudes et de la Vie Universitaire) ne peuvent se réunir et poursuivre leurs travaux. Le doute s’est installé dans les esprits. Le désarroi même. L’UAG ressemble désormais à une sorte de bateau ivre, cela à un moment où elle est en passe de négocier un nouveau contrat avec le Ministère de l’Education Nationale. Moment crucial, moment déterminant pour son avenir.

   Répartie sur trois campus, cela sur trois territoires différents, notre université est sans doute la plus difficile à gérer des soixante-quinze universités françaises et c’est quasiment un miracle qu’elle soit parvenue à maintenir son unité jusqu’à ce jour. Au fil des années, chacun des pôles -- Guyane, Guadeloupe et Martinique-- s’est employé à acquérir, à juste raison, une certaine autonomie au plan décisionnel sans pour autant remettre en cause l’architecture globale, si particulière, répétons-le, de l’UAG. Cette évolution se trouve incarnée dans le mot d’ordre d’UNITE DANS LA DIVERSITE, reconnu et approuvé par l’ensemble de notre communauté universitaire.

   C’est d’ailleurs cette singularité qui a fait que l’UAG a été l’une des dernières universités françaises à s’adapter à la réforme dite du LMD (Licence-Master-Doctorat) qui aligne le système universitaire français sur celui de l’Europe et des grandes universités de par le monde. En outre, l’existence de trois IUFM, chacune installée sur l’un des pôles, a rendu cette métamorphose particulièrement ardue et ce point précis, à savoir l’intégration des IUFM dans l’Université, comme le prévoit la loi, n’est pas encore complètement réalisée.

   L’UAG a toujours fait face à un certain nombre de difficultés, liées en grande partie aux importantes dépenses de fonctionnement qu’entraîne son étalement sur trois territoires différents. Difficultés financières, difficultés d’harmonisation des sensibilités guadeloupéennes, guyanaises et martiniquaises. Mais chaque fois, grâce au courage, à la lucidité et au dévouement de certains, notamment de ceux que l’on peut appeler « les pères fondateurs », l’éventualité d’un éclatement a toujours été repoussée. Eclatement qui, à l’heure où toutes les grandes universités du monde se rassemblent en pôles d’excellence, ne pourrait conduire qu’à l’érection de trois petits collèges universitaires sans envergure et surtout sans attractivité pour les étudiants de nos trois pays. Gardons-nous d’oublier que nos amis caribéens nous donnent l’exemple avec l’Université des West-Indies qui fonctionne sur 12 pays différents, pays pourtant indépendants et qui pourraient parfaitement vouloir posséder leur propre établissement universitaire.

 

   Cette situation risque de porter un coup fatal aux importants chantiers en cours et à ceux qui sont en bonne voie en raison de l’énergie et l’envergure intellectuelle de Georges Virassamy. Parmi eux, on peut citer :

   . la relance de la recherche : organisation de journées-recherche (interne et externe avec les grands organismes) ; développement de synergie en matière de recherche et d’enseignement (exemple : Master télédétection en Guyane et projet SEAS) ; réorganisation et sauvetage de l’Ecole doctorale.

   . l’amélioration de l’offre de formation : professionnalisation des formations ; meilleure insertion professionnelle de nos diplômés dans notre environnement géographique.

   . une meilleure gestion des ressources humaines : lutte contre la précarité (23 contractuels titularisés en 2 ans et donc 450.000 euros d’économisés).

   . la modernisation des campus dans l’objectif de création de centres de certification : C21 et CLES (plan de maîtrise d’une langue étrangère).

   . ouverture de la 2è et 3è année de médecine etc…

   Certes, une élection sera organisée courant janvier 2009 pour désigner celui qui prendra les rênes de notre université, mais pendant ce laps de temps, le retard que nous avons déjà accumulé dans différents domaines ne fera que s’aggraver. Notre crédibilité est désormais en jeu et ceux qui ont jugé bon d’en arriver là doivent prendre leurs responsabilités. Et ces responsabilités sont énormes ! Prendront-ils le risque de voir graver leurs noms en lettres peu reluisantes dans nos livres d’histoire, parce qu’ils auront été de ceux qui auront causé l’implosion de l’ultime structure interrégionale des Antilles-Guyane ?   Car la crise qu’ils ont ouverte ne concerne désormais plus les seuls campus de Fouillole, de Saint-Denis et de Schoelcher. Il s’agit d’un problème sociopolitique car l’université a vocation non seulement à s’insérer dans la société où elle se trouve, mais aussi et surtout à travailler, de concert avec d’autres instances, au développement de nos pays. Nous voulons interpeller à la fois l’opinion publique et nos élus politiques afin qu’ils prennent position de façon claire et nette et cela, le plus vite que possible. 

   Le bateau est certes ivre, mais il ne doit pas couler.

En tant que personnes respectueuses de la démocratie, il n’est pas question pour nous de remettre en cause le scrutin du 10 décembre dernier, même si nous apprenons aujourd’hui que, selon le Ministère  des Universités, les statuts qui l’ont autorisé doivent être refaits. Cela dit, nous tenons à faire connaître notre détermination à nous opposer de la manière la plus véhémente à ce que l’UAG devienne le champ clos d’ambitions médiocres et de petits calculs mesquins plutôt que le lieu où les étudiants s’épanouissent.

 

                                             Comité de Sauvegarde de l’UAG (CSUAG)

 

Le secrétariat du CSUAG :

 

ALARIC (Alexandre), Maître de conférences

ARSAYE (Jean-Pierre), chargé de cours, docteur en LCR

BELROSE (Maurice), Professeur des Universités, Directeur du Département d’espagnol

BERNABE (Jean), Professeur des Universités, Directeur du CRILLASH

BOUKMAN (Daniel), membre du Conseil d'UFR (Faculté des Lettres), personnalité extérieure

CELIMENE (Fred), Professeur des Universités, directeur du CEREGMIA, élu au Conseil d’Administration

COLOT (Serge), Maître de conférences 

CONFIANT (Raphaël), maître de conférences-HDR, élu au Conseil scientifique

DAMOISEAU (Robert), Professeur émérite des Universités

DAVIDAS (Lionel), Professeur des Universités

DESIRE (Anny), Conservateur, Responsable de la Bibliothèque Universitaire de la Martinique

DISPAGNE (Michel), maître de conférences

GROUVEL (Marie-France), Conservateur en chef, Directrice du Service Commun de Documentation

GROUX (Dominique), Professeure des Universités

HASTLER (Maximilian), maître de conférences, responsable Maths-Info

JOUY (Aline), Maître de conférences

L’ETANG (Gerry), Maître de conférences

LOUIS (Max), professeur des Universités

NAKOULIMA (Ousseynou), Professeur des universités, Directeur de l’Institut Universitaire de Formation Continue

OMRANE (Abdennebi), maître de conférences-HDRURENA (Pedro), maître de conférence