CRISE UAG : L'INSPECTRICE GÉNÉRALE NE REPROCHAIT RIEN À FOTSING ET DORVILLE !

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Fotsing et Dorville exonérés de tout manquement !

Exclu : Guyaweb s’est procuré la note de l’inspectrice générale de l’Administration, de l’Education nationale et de la Recherche (IGAENR) Françoise Boutet-Waïss. Ce rapport même s’il s’appuie sur une mission relativement brève effectuée au cours du conflit ( trois jours en Guyane, du 21 au 23 octobre derniers) paraît exonérer de tout manquement, Jean-Marie Fotsing et René Dorville, les deux anciens responsables respectifs du pôle universitaire guyanais (PUG) et de l’IESG (Institut d’enseignement supérieur de la Guyane). Les grévistes d’octobre-novembre avaient demandé et obtenu leur tête puisque les deux hommes ont depuis été écartés de la gouvernance, par la ministre de la Recherche et de l’Enseignement supérieur Geneviève Fioraso. Privés dès lors de leurs mandats de dirigeants et remplacés par une administratrice provisoire, les deux hommes ont toutefois repris leurs cours sur le campus universitaire guyanais.


La rédaction de ce rapport de l’IGENR que Guyaweb s’est donc procuré a été achevée, le 25 octobre dernier à Paris, soit le lendemain du retour de l’inspectrice générale, Françoise Boutet-Waïss, dans l’Hexagone. En aucun cas, ce rapport n’est défavorable au numéro un du pôle universitaire guyanais de l’époque, son vice-président Jean-Marie Fotsing, ni au directeur de l’IESG (Institut d’Enseignement supérieur de la Guyane) à cette date, René Dorville. Tous deux seront néanmoins remerciés, par la ministre de la Recherche et de l’Enseignement supérieur, Geneviève Fioraso… au cours d’un point presse, quelques jours plus tard.

L’offre de formation doit se rapprocher des besoins du territoire

La note de Françoise Boutet-Waïss aborde notamment le chapitre de “l’offre de formation” en Guyane. Sur ce sujet l’inspectrice notait ainsi fin octobre (avant l’obtention par les grévistes d’une future université de plein exercice) : ” Un consensus très large se dégage (…) pour une maîtrise par le pôle d’une offre de formation de proximité qui réponde davantage aux besoins du territoire guyanais’. L’inspectrice poursuivait alors sur le sujet : “la préparation et la négociation avec le ministère du prochain contrat quinquennal offre l’opportunité de revisiter la carte des formations en la ciblant par pôle au moins jusqu’au niveau licence. La réflexion sur le niveau master doit distinguer les filières professionnalisantes adaptées aux besoins du territoire, du développement de la recherche qui a tout intérêt à continuer de s’appuyer sur les ressources transversales de l’université et des organismes de recherche”.

 

En corollaire, l’inspectrice notait cette fois sur le volet “répartition et rééquilibrage des moyens entre les pôles” qu’en Guyane : ” le manque de moyens en enseignants-chercheurs, les difficultés rencontrées pour pourvoir les emplois, ont des conséquences sur le contenu et la stabilité de l’offre de formation”.

L’articulation entre les instances du PUG et de l’UAG : “une source de complexité”

 

Le rapport de l’inspectrice générale accorde une large place au problème de la “gouvernance” du pôle universitaire guyanais. Une question qui revêt alors “deux aspects” selon elle : ” Le premier concerne les instances du pôle et de ses composantes, ainsi que leur articulation avec celles de l’UAG (Université des Antilles-Guyane) qui est une source de complexité du circuit des décisions et de la gestion”

“M.Fotsing a mené une activité intense”

Puis l’inspectrice revient assez longuement sur les cas Jean-Marie Fotsing et René Dorville à l’époque respectivement vice-président (donc numéro un) du pôle universitaire guyanais et directeur de l’IESG. Françoise Boutet-Waïss relevant en effet : ” un élément de blocage de la sortie de crise au moment de la mission, concerne notamment deux responsables qui ont été élus et dont l’intersyndicale demande la démission…”

 

Françoise Boutet-Waïss indique alors dans sa note avoir longuement entendu les intéressés, avoir travaillé sur des documents concernant l’élection de M. Fotsing mais aussi les activités de ces deux responsables mis en cause par les grévistes.

Et les conclusions de l’inspectrice sont sans ambiguïté. L’élection de Jean-Marie Fotsing ? “Les procès-verbaux, tant du conseil consultatif du pôle que du CA de l’université attestent la régularité de l’élection de M.Fotsing, professeur des universités”. L’inspectrice ajoutant d’ailleurs qu’il n’y a pas eu de recours suite à cette élection (c’est ainsi qu’il faut manifestement comprendre la phrase de l’inspectrice sur l’absence de recours. Une phrase qui, pour l’anecdote, recèle une coquille qui lui fait friser le contresens).

 

Concernant ” l’activité” de Jean-Marie Fotsing, l’inspectrice générale conclut : “Il ressort des documents transmis à la mission et des différents entretiens qu’elle a conduits, que M.Fotsing a mené une activité intense qui s’inscrit bien dans le périmètre d’intervention du vice-président défini par l’article 9 des statuts de l’UAG”.

Et si l’inspectrice note avoir rencontré au cours de sa mission : ” deux responsables administratifs du pôle (universitaire guyanais), accompagnés par un délégué syndical, qui ont fait état de problèmes relationnels” avec Jean-Marie Fotsing, Françoise Boutet-Waïss indique qu’il n’a “pas été possible pour la mission, sur une période d’activité si courte, d’en tirer des conclusions suffisamment étayées et définitives sur le mode de management de M.Fotsing”. Même si à mots choisis, l’inspectrice a sa petite idée sur ces différends professionnels entre personnes. L’inspectrice soulignant en effet sur le sujet que le management du vice-président du pôle, rejeté par les grévistes à l’époque, “se traduit, de toute évidence, par des changements dans l’organisation du travail”, des changements “mal vécus” par les deux responsables administratifs concernés, selon l’inspectrice.

La torpeur du Conseil général à la présidence de l’IESG, pointée du doigt.

L’IEGNR dédouane également, René Dorville, directeur de l’IESG, depuis 3 ans à l’époque de la grève. Lui aussi, comme Jean-Marie Fotsing a été remercié depuis par la ministre Geneviève Fioraso “dans un souci d’apaisement”, a justifié la ministre.

Françoise Boutet-Waïss revient, concernant René Dorville, sur “le retard pris dans l’ouverture de la licence professionnelle de protection de l’environnement”, un sujet que l’inspectrice analyse comme “semble-t-il, un élément déclencheur de la grève”.

L’ouverture de cette licence “approuvée lors du conseil d’administration de l’IESG du 19 septembre 2013, était demandée depuis le 10 avril 2013″ note l’IEGNR qui souligne ensuite que “le CA de l’IESG est présidé par une personnalité extérieure élue”. A l’époque, il s’agit du représentant du conseil général Christian Porthos (qui démissionnera pendant la grève).

Or, dans la note de l’inspectrice, c’est, non pas René Dorville, mais bel et bien la présidence du CA de l’IESG, assurée par le Conseil général, qui en prend pour son grade :  “les documents analysés par la mission montrent que le directeur de l’IESG a demandé en vain plusieurs fois, (jusqu’à envoyer un courrier en recommandé le 10 mai 2013, cosigné par les neuf enseignants du conseil d’administration, au président du conseil général et à son représentant), de réunir le conseil d’administration conformément aux statuts de l’IESG qui prévoient que « le président convoque le conseil chaque fois que les circonstances l’exigent et au moins trois fois par an ». Or, le conseil d’administration n’a pas été réuni entre le 20 juillet 2012 et le 19 septembre 2013″, semble déplorer Françoise Boutet-Waïss. L’ inspectrice ne peut dès lors que conclure : “le dysfonctionnement de cette instance statutaire, absence de réunions, problèmes de quorum, n’est pas de la responsabilité (du) directeur”.  Absous, René Dorville.

 

 

“Un climat délétère qui doit impérativement cesser”

Enfin, au chapitre du recrutement des enseignants chercheurs, la note de l’inspectrice générale relève alors que : “l’inter-syndicale dénonce des dysfonctionnements dans la procédure de recrutement des enseignants-chercheurs qui touchent aux profils de poste, au vivier du comité de sélection, au calendrier“. Des dysfonctionnements ayant “pour effet de prolonger des vacances de postes (…) et de multiplier l’intervention d’enseignants du second degré”.

 

Sur le sujet, si Françoise  Boutet-Waïss note que “la mission n’a pu conduire en si peu de temps des investigations approfondies pour apprécier l’étendue de ces dysfonctionnements”, elle admet que leur “réalité n’est pas contestable”. Et l’inspectrice de préconiser “plus de transparence, de concertation et de rigueur dans la procédure”.

Car, en effet, selon Françoise Boutet-Waiss “au-delà de la qualité des enseignements qui pâtit du manque d’enseignants-chercheurs, ces dysfonctionnements entretiennent un climat délétère indigne de la communauté universitaire qui doit impérativement cesser pour reconsidérer le seul intérêt des étudiants du pôle guyanais.”

On ne pourra pas soutenir que le dernier couac en date (pas plus tard que vendredi 6 décembre) relaté entre autres par nos confrères de France-Guyane, ait apporté la démonstration d’un indéniable retour à la sérénité sur le pôle universitaire guyanais. On nage bel et bien toujours en plein “climat délétère”.  Et la nomination de l’administratrice provisoire date d’un mois…