EDOUARD GLISSANT : HOMMAGES ET CONDOLEANCES

Le cercle des poètes disparus s'agrandit

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Nicolas Sarkozy a salué "la mémoire de ce grand penseur des Antilles et du monde" qui a mis "l’Homme et la pluralité des cultures au cœur des grands mouvements de notre temps". "Poète, romancier, essayiste, philosophe et homme de théâtre, Edouard Glissant aura marqué la pensée de notre temps de son empreinte énergique, pugnace et exigeante", a ajouté le chef de l’Etat.

Le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand : "Nous perdons un des très grands représentants de la culture créole, antillaise et tout particulièrement martiniquaise." C’était "un homme de plume et un homme de coeur, qui a toujours su prendre ses risques et aller jusqu’au bout de ses forces pour défendre la vision poétique et les convictions qui le faisaient vivre". "Loin de vivre son attachement aux racines comme un repliement sur soi, Edouard Glissant aura toujours vécu en homme d’ouverture".

Alfred Marie-Jeanne (Député de la Martinique)


Edouard GLISSANT vient de nous quitter. Sa pensée-flambeau demeurera à jamais.


Son oeuvre multiforme, arrimée à sa terre natale, a su parler à tous les peuples. Cet écrivain de renommée mondiale, plusieurs fois nobélisable, a lui aussi ajouté à la réputation universelle de la Martinique.


Je rends hommage à cet auteur engagé. Que cet engagement trouve écho plus sonore dans les consciences martiniquaises.


J’adresse mes condoléances les plus attristées à son épouse, à sa famille et à tous ses proches.


 

Serge Letchimy (Président du Conseil Régional et Député de la Martinique)


C’est avec une immense émotion que j’ai appris le décès de Monsieur Edouard GLISSANT.


Avec sa disparition, c’est un phare de la littérature qui s’éteint.


En célébrant sa mémoire, je tiens à saluer l’écrivain mais aussi le philosophe, le professeur et le militant. De l’antillanité au Tout-Monde, il n’a eu de cesse d’être l’apôtre humaniste de la diversité, du dialogue entre les cultures et ce, dans le respect de la différence..


Les élus du Conseil régional s’associent à moi pour adresser à sa famille et à ses proches, nos plus sincères condoléances et les assurer de notre plus fidèle soutien dans cette douloureuse épreuve.


Il défendait avec ardeur sa vision par ses écrits sans ambages : « Au mouvement qui porte les peuples et les pays à une solidarité contre les mondialisations et les globalisations réductrices. L’Etat-nation n’a pas d’avenir. Il ne provoque que des catastrophes parce qu’il est intimement lié au chaos du capitalisme libéral, qui démantèle le monde et est incapable de l’organiser ou d’en réparer les désastres ».


La littérature française vient de perdre une de ses figures contestée et incontestable.


Je présente mes plus sincères condoléances à sa famille attristée, et à tous ses amis de la Martinique, de la Caraïbe et du monde entier.


 

Victorin Lurel (Président du Conseil régional, Député de Guadeloupe)


Le député et président de la Région Guadeloupe, Victorin LUREL, s’incline respectueusement et avec tristesse devant la mémoire d’Edouard GLISSANT, le grand penseur de la « créolisation », que les engagements de toute une vie auront conduit à être l’une des incarnations de l’intellectuel total, à la fois écrivain, poète, dramaturge, philosophe, sociologue, anthropologue, polémiste et créateur de concepts d’une formidable actualité.


« Sous une plume flamboyante et parfois complexe, il a inscrit l’antillanité, puis la créolisation, au cœur du débat séculaire sur l’identité. Face à l’identité racine, celle du repli, qui a produit tant de catastrophes dans le monde, il a théorisé à partir de notre histoire métissée une identité rhizome en construction permanente, ouverte, universelle et profondément humaniste ».


« Nous n’avons pas fini de mesurer les apports de cette grande figure dont les fulgurances nous manqueront cruellement », a déclaré Victorin LUREL.


En référence au grand écrivain martiniquais, la Région Guadeloupe accompagne chaque année le "Prix Carbet des lycéens", prix littéraire décerné par un jury d’élèves de nos lycées.


 


Christiane Taubira (Députée de Guyane) J’ai eu l’indicible bonheur de connaître l’amitié d’Edouard Glissant. Je l’appelais mon gros Ours ou mon Chat-tigre. 


(…) Qu’ils se gardent bien de trop bavarder ceux qui, en ayant le pouvoir en France, n’ont rien fait pour nous offrir de déguster chaque jour sa pensée. (…)Qu’ils prennent garde, ceux qui viendront nous abreuver de leur compassion de commande.


La député a ensuite salué "Une pensée hardie qui se hasarde à récuser des certitudes pluriséculaires sur l’universel, une pensée téméraire qui ose se mettre en péril en lisant le monde en direct, une pensée audacieuse qui se risque dans l’énigme du Tremblement, une pensée généreuse mais lucide qui nous fait percevoir les ’extraordinaires possibilités’* du Tout-Monde, une pensée pionnière qui nous transporte dans les incertitudes de l’identité-rhizome, une pensée sensuelle sur la Poétique de la relation.


 


Audrey Pulvar (journaliste) "Je suis profondément touchée par la mort d’Edouard Glissant d’autant que nous avons des liens familiaux, c’était mon oncle par alliance, et qu’il avait été un compagnon de lutte de mon père", a souligné la journaliste.


L’écrivain "et mon père Marc Pulvar avaient longtemps combattu ensemble et avaient lutté ensemble pour l’éveil des consciences. Mon père, a-t-elle ajouté, très émue, était mort lui aussi un 3 février, il y a trois ans".


"Il avait été fatalement dans l’ombre d’Aimé Césaire pendant des années, du moins en métropole, car à l’étranger il était extrêmement connu et reconnu, notamment aux Etats-Unis, où la littérature caribéenne est très appréciée. En métropole, il était parfois considéré comme un écrivain martiniquais écrivant pour des Martiniquais", a-t-elle poursuivi.
 


Martine Aubry (première secrétaire du PS) la disparition d’Edouard Glissant est "une perte immense pour la littérature française et notre pays tout entier". Il "restera à jamais parmi nous, non seulement pour la beauté de ses mots et la force de son verbe, mais tout autant pour ses odes à l’humanisme et à la diversité du genre humain, antidotes de tous les préjugés et les racismes".

Bertrand Delanoë (maire PS de Paris) "Son œuvre et ses combats ont largement dépassé les frontières de son île pour en faire une figure reconnue et respectée mondialement. Homme engagé et militant, il a aussi été un modèle pour la jeune génération d’écrivains antillais (...) Paris avait déjà programmé une manifestation pour honorer sa pensée le jeudi 10 février 2011 à l’Hôtel de Ville. Ce sera l’occasion de lui rendre un dernier hommage".

Dominique de Villepin (UMP-RS) : "Nous perdons tous avec lui un citoyen de l’universel à la vision et au verbe prophétiques et un inventeur de langues et d’images enraciné dans les mots du pays natal, la Martinique. Il a oeuvré avec acharnement, avec toute la révolte qui l’habitait, à la réconciliation d’un monde déchiré. A partir de l’expérience de son île et au moyen d’une culture prodigieuse capable de s’approprier le monde, Edouard Glissant s’est fait le passeur charnel d’un monde en archipel, dans lequel le métissage devenait la loi du changement et de la réparation".

Pierre Laurent (PCF) : "Son décès laisse de très nombreuses personnes un peu seules face à ’l’intraitable beauté du monde’". "Poète et philosophe, il savait lire le monde dans ce qu’il portait de meilleur. Edouard Glissant voulait en développer une nouvelle conception qui, à l’opposé de la mondialisation économique, s’appuierait sur ce qu’il nommait la ’mondialité’.

Claude Lise (Président du Conseil Général, Sénateur de la Martinique, à l’épouse et au fils d’Edouard Glissant)
Chère Madame,
C’est avec une grande tristesse que j’ai appris la nouvelle du décès de votre époux, Edouard Glissant.
Je mesure l’étendue de la perte que sa disparition représente pour vous et tiens, en cette circonstance, à vous assurer de ma profonde sympathie.

Je veux saluer la mémoire du militant anticolonialiste qu’il fut ; également de l’intellectuel d’envergure et de l’écrivain de très grand talent doté d’un sens étonnant de la métaphore ; celui dont l’œuvre prolifique a contribué et continuera de contribuer au rayonnement, à travers le monde, de la Martinique, des Antilles et de la Caraïbe.


Ses analyses et ses réflexions continueront d’être très utiles à toutes celles et à tous ceux qui s’intéressent à la problématique de la construction des identités des peuples du monde et de l’exigence d’un authentique dialogue des imaginaires ; une problématique qu’il a réussi à éclairer à partir des éléments les plus emblématiques du processus d’édification des sociétés antillaises et créoles.


J’avais particulièrement tenu, à l’instar de la communauté éducative, à ce que le collège de Place d’Armes, au Lamentin, porte son nom et qu’à travers cet hommage solennel, son parcours et sa créativité puissent être offerts en exemple à la jeunesse martiniquaise.


Je n’oublie pas non plus que le Conseil général de la Martinique a eu l’occasion de collaborer avec l’Institut du Tout-Monde qu’il a créé ; singulièrement à travers l’organisation d’un important colloque international sur le thème de la créolisation.


En mon nom personnel et en celui de mes collègues de l’Assemblée départementale, je vous présente, ainsi qu’à votre famille et à vos proches, mes sincères condoléances. 

 

Pierre Samot (Maire du Lamentin) 


C’est avec une très vive émotion que j’ai appris la disparition d’Edouard Glissant. Grande plume à l’imaginaire flamboyant, il était une sorte de « survivant du cercle des poètes disparus ».


Je mesure aussi toute l’émotion du monde littéraire au moment où disparaît cet inlassable « combattant » de l’écriture et plus que jamais un véritable monument de la littérature française.


Au nom de la Ville du Lamentin où il a grandi, je présente mes très sincères condoléances à sa famille, à ses proches, au monde littéraire, mais aussi à la Martinique qui vient de perdre l’un de ses plus grands fils.