ENERGIE : QUAND ALBIOMA S'INVITE DANS LES DEBATS DU CONSEIL NATIONAL DE LA TRANSITION ECOLOGIQUE !

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Paris – 21 déc. 2017. Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire. A l’ordre du jour de la réunion du Conseil National de la Transition Ecologique (CNTE), le dossier de la Programmation Pluriannuelle de l'Energie (PPE) MARTINIQUE. Document d’orientation stratégique en matière de politique énergétique territoriale, la PPE a été présentée par Louis BOUTRIN, Conseiller exécutif de la CTM en charge de l’ENERGIE et Patrick BOURVEN, Directeur de la DEAL.  Présentation, puis audition  devant les membres du CNTE qui se sont prononcés favorablement à l’issue d’un vote à bulletin secret. 

 


Après quelques propos introductifs de Sylvie SCHATWT, Directrice Générale de l’énergie au Cabinet de Nicolas HULOT, Louis BOUTRIN a présenté la PPE en restituant les enjeux du dossier. En effet, la Martinique importe 850.000 tonnes de pétrole chaque année ce qui représente un poids considérable dans sa balance commerciale. Plus de 53 % des exportations sont consacrés au paiement de la facture énergétique d’où la nécessité d’un changement de cap radical et d’une politique audacieuse en faveur de la transition énergétique. 


La tâche sera rude car a contrario des autres régions situées en Outre-Mer, la Martinique demeure bonne dernière de la classe avec une dépendance au pétrole à 93 % soit à peine 7% de pénétration des Energies Renouvelables (EnR) dans la production électrique. A titre de comparaison, la Guyane qui bénéficie des grands barrages hydroélectriques a un taux d’EnR de 72 %, la Réunion de 33 % et la Guadeloupe de 18,5 %. Autant dire tout de suite que la majorité du GRAN SANBLE qui a fait de la transition énergétique un élément structurant de son projet politique aura du pain sur la planche. Pour ce faire, les élus de la CTM ont fait le choix d’une gouvernance resserrée autour des acteurs territoriaux majeurs de l’Energie : Le SMEM, distributeur de l’électricité, EDF, producteur et gestionnaire réseaux, l’ADEME, la DEAL et la CTM qui assurent la gouvernance. L’objectif étant de diminuer notre dépendance aux énergies fossiles, de lutter contre les changements climatiques & les émissions de gaz à effet de serre et d’augmenter à l’horizon 2018 (25%) et 2023 (56%) la part des EnR dans notre mix énergétique.


Pour relever ce défi de la Transition Energétique, la CTM et ses partenaires ont élaboré deux documents de cadrage : Le Programme Territorial de Maîtrise de l’Energie (PTME) qui a déjà permis d’économiser par moins de 27 Millions de KWh pour l’année 2016 (un record historique pour la Martinique), ainsi que la PPE qui, après l’avis favorable de l’Autorité Environnementale, était au centre de tous les débats devant le CNTE.


Des investissements seront à prévoir dès 2018 pour la rénovation des réseaux vétustes qui demeurent essentiellement aériens (64%) et donc extrêmement vulnérables aux cyclones ou autres intempéries. Actuellement, seul 36% du réseau est souterrain et l’arrivée massive d’EnR intermittentes va nécessiter des adaptations du réseau. Des travaux de renforcement sont en cours d’étude et devraient conduire à la création de liaisons sous-marines entre Schoelcher / l’Hydrobase, entre Bellefontaine et Dillon (souterrain et sous-marin) et entre Fort-de-France / Trois-Ilets.



LE CNTE A SOULIGE LA QUALITE DU DOSSIER DE LA MARTINIQUE


A l’instar de la Commissaire Générale et de la Directrice Générale à l’Energie, plusieurs membres du CNTE ont souligné la qualité du dossier de la Martinique, le pragmatisme et l’ambition des rapporteurs d’y inclure des PME qui apporteront des emplois à moyen terme. Le MEDEF (France) a demandé qu’une analyse approfondie de l’impact de la PPE sur l’économie, sur l’évolution des emplois, les transitions professionnelles et les coûts de l’énergie soit réalisée. Il s’interroge sur l’analyse des impacts des EnR sur le réseau électrique martiniquais et sa capacité à supporter l’ensemble des nouveaux moyens programmés. Autre amendement, celui de la CGT qui demande que le Schéma Directeur de Sécurité Electrique du réseau soit adapté à la montée en puissance des ENR et que les liaisons sous-marines ou souterraines nécessaires soient sécurisées.


Lors de cette audition, intervention de France Nature Environnement (FNE) qui « s’élève contre ce type de projet qui semble spéculatif et anti-écologique, même si on classe la biomasse parmi les EnR ! ». FNE dit « réitérer son opposition au projet ALBIOMA de Marie-Galante et s’inquiète du fait que le modèle de Galion 2 ne se duplique dans la région ». Passe d’armes entre les ONG Env et le MEDEF (France) et crispation sur le Projet d’ALBIOMA. 

 

Le Conseiller exécutif Louis BOUTRIN, par ailleurs Président de MARTINIQUE-ECOLOGIE, a été directement interpelé par les ONGE et le MEDEF (France) et a rappelé que ce projet avait reçu un avis défavorable de la Commission de Régularisation de l’Energie (CRE) et qu’à la demande de l’ex-Président de Région, la Ministre Ségolène ROYAL l’avait retenu. Pour autant, la biomasse ne figure pas parmi les process retenus par l’Assemblée de Martinique pour la PPE Martinique (Voir tableau). Les Martiniquais ayant déjà payé un lourd tribut aux pollutions, notamment agricoles, il serait inconcevable que l’on puisse exposer davantage la population à une nouvelle pollution chronique aux nanoparticules. De plus, la Martinique ne disposant pas d’exploitations forestières suffisantes, elle serait condamnée à importer du bois torréfié du Brésil ou du Canada avec l’empreinte carbone que l’on connaît. Pour des raisons de santé publique et de pertinence écologique, la biomasse n’est donc pas envisageable dans la PPE Martinique, a expliqué le Conseiller exécutif de la CTM.


A l’issue d’échanges parfois tendus mais toujours très constructifs, le Conseil National de la Transition Ecologique a adopté la PPE de Martinique après un vote à bulletin secret : 13 Pour. 2 Contre. 13 Abstentions. La délibération portant avis sur le Projet de Programmation Pluriannuelle de l’Energie de la Martinique vient d’être publiée sur le site du Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire et cette PPE sera soumise à enquête publique en Janvier-Février 2018 avant un dernier passage du projet de décret devant l’Assemblée de Martinique. 

LB

 

 

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