Fuyons la routine du week-end


la_femme_tempete_ne_sort_jamais_seule_mode_une.jpgSensualité, Charme et érotisme.
Profitons du week-end pour nous détendre sens dessus dessous, en alliant sensualité, charme et érotisme. Offrons-nous un voyage dans le monde du plaisir et de la volupté.

La lingerie nous révèle… et dévoile, par en dessous, l’attitude de chacune face à son corps.

 

La preuve : un monde sépare les inconditionnelles de la transparence stretch des adeptes du string affriolant.

J’adorerais les laver à la main. Faire que les blancs restent impeccables… Ainsi parle Eléonore, mère de deux enfants, consciente de ses failles. « Mon mari est sensible à la jolie lingerie. Lorsque je porte un ensemble dépareillé, il me fait des réflexions. » Elle le sait : avoir une belle parure, c’est se sentir "belle".

sexyindian3.jpgUn gage d’assurance, difficile parfois à coordonner avec la vie quotidienne, même si elle s’impose comme l’ultime "refuge", rempart de soie contre les agressions des jours trop ordinaires : « Pour moi, la lingerie s’assimile à un parfum. Que je sois en survêtement ou en robe, je ne la néglige jamais », affirme Maud, qui avoue « ne pas avoir besoin du regard de l’autre pour s’offrir des dessous ».

Cet attachement est tel que, pour certaines, porter une "vieille" culotte est un signe avant-coureur de déprime, un rendez-vous avec des mauvais souvenirs d’adolescente au ventre dur de douleur.

« Quand rien ne va, je mets n’importe quoi », soupire Sarah, qui s’arrange ces jours-là pour masquer son corps sous un gros pull noir, abandonnant à d’autres la séduction d’une chemise délicatement ouverte, d’une jupe fendue sur des bas de voile.

L’imaginaire érotique


Un soutien-gorge ne sépare pas seulement les seins : il sépare les femmes, révèle, par en dessous, l’attitude de chacune face à son corps. « Il n’y a pas de couleurs vulgaires si on sait regarder son corps, poursuit Maud. Un string rouge sur des fesses en gouttes d’huile, un triangle avec des seins qui débordent de chaque côté, c’est le comble de la vulgarité. »

sexyindian2.jpgLa fascination pour les jolis dessous peut être éphémère. A 25 ans, Elsa ne « fantasme déjà plus sur la lingerie ». Elle qui, à 18 ans, s’était offert un porte-jarretelles de satin carmin et le conservait précieusement dans du papier de soie, déclare aujourd’hui : « J’ai dû le mettre une fois. Quand j’ai appris à mieux connaître mon corps, je n’en ai plus eu envie. C’était devenu un attribut de la féminité dont je n’avais plus besoin. »


Le temps des secondes peaux


Désormais, elle ne porte que des "secondes peaux" façon Calvin Klein ou Eres. Car l’avenir est, dit-on, à la lingerie "cosmétique", qui permettra d’effacer toutes les coutures et de coller à la peau, le Lycra assurant le maintien. Ainsi, fort de son succès – 48 millions de modèles vendus en 2000 –, Sloggi lance, cet été, une culotte en microfibre encore plus invisible. De quoi séduire les plus rebelles… Sauf Marie, 30 ans, qui ne porte "rien". « C’est mon père qui m’a emmenée acheter mon premier soutien-gorge. J’ai vécu ce jour comme un traumatisme. J’en ai longtemps voulu à ma mère. » Depuis, la jeune femme a tiré un trait sur toute forme de dessous : « C’est une couche en trop. »

Aujourd’hui, les codes se brouil-lent. La bretelle apparente sous le débardeur est devenue un signe de style et on assortit son string au pantalon taille basse. La mode s’est emparée de la lingerie, au point qu’une chemise de nuit se porte en robe du soir, et une nuisette en chemise de jour.


Bretelles et string apparents


Certaines ne jurent que par le "moulé", d’autres sont définitivement "armatures". Doit-on pour autant penser que les premières sont plus "souples" et les autres, psychorigides ? Question d’attitude. Les plus exigeantes vont même jusqu’à s’offrir des modèles sur mesure chez Cadolle. « Quand les femmes viennent chez moi, elles se livrent beaucoup », affirme Poupie Cadolle, qui a su détecter les raisons fonctionnelles et les envies plus irrationnelles. « Pour un soutien-gorge, on peut passer jusqu’à une heure en cabine.

C’est une véritable consultation. Mais j’ai aussi, parmi mes clientes, des femmes d’acier. Sous leur tailleur-pantalon, leur manteau Hermès en cachemire, elles ont des corsets lacés noirs. Elles ne se confient pas. Ce sont les plus dominatrices. »

Maquillage du corps, la lingerie aimante caprices et obsessions. On pense à cet homme choisissant, pour chacune de ses maîtresses, le même serre-taille de crêpe-satin noir, ou à cette ex-épouse d’ambassadeur, qui, pour son amant, adorait jouer à la "femme française" : « Elle venait chez moi pour le surprendre, témoigne Poupie Cadolle. Elle se transformait tantôt en poupée romantique, tantôt en femme glacée. Lui, c’était l’Américain de passage, qu’il ne fallait pas lasser. »

Tanga coquin ou culotte tue-l’amour


Un monde semble séparer les adeptes de la transparence stretch des inconditionnelles du tanga affriolant. Les premières achètent leurs dessous seules, les secondes préfèrent venir accompagnées. « La lingerie, c’est soi contre soi », affirme Monette Moati, dont le boudoir de la rue des Saint-Pères, à Paris, Sabbia Rosa, est, depuis vingt-cinq ans, le rendez-vous des folles de nuisettes et autres charmeuses aux couleurs de pierres précieuses.

« La mode nous fait paraître, la lingerie nous révèle. » Ici, le caprice l’emporte sur la raison. La maison ne fait pas de soldes. En janvier dernier, une cliente venue pour s’acheter un boxer a craqué pour quinze modèles identiques en moins de quinze minutes. « Il y a les exhibitionnistes et les pudiques. Certaines viennent avec leur mari. Et repartent sans lui, car le débat sur le soutien-gorge s’est fini en dispute », assure Monette Moati.

Révélatrice de nos secrets de peau, la lingerie est aussi le traître. Entre la boîte de serviettes hygiéniques et le shampooing, la culotte abandonnée peut devenir le plus redoutable des tue-l’amour. Dans “Suzanne la pleureuse” (Gallimard, 2001), la romancière Alona Kimhi se souvient des « énormes soutiens-gorge de sa mère accrochés sur le porte-serviettes. Une présence aussi envahissante que celle de la brosse à cheveux dégarnie, et des tubes de pommades contre les hémorroïdes et les champignons. »


SANS TABOU :


« Les femmes ont redécouvert qu’avec la lingerie, elles pouvaient se faire plaisir », aime à déclarer Chantal Thomas à laquelle le musée de la Mode de Marseille a consacré une rétrospective. Signe des temps : depuis le lancement de la campagne publicitaire déclinée en "leçons de séduction", Aubade a triplé son chiffre d’affaires. En rupture avec les vieux codes de la séduction, la lingerie s’exhibe sans tabou.

« Naguère, on cachait les bretelles des soutiens-gorge, une femme avait toujours le réflexe de remonter son corsage, analyse le sociologue Frédéric Monneyron. Aujourd’hui, on les montre. Or, ce faisant, on mélange sphères privée et publique, et, par suite, on exclut le désir fondé sur leur séparation… »

La logique du plaisir personnel, lié à la fierté que chaque femme a de son corps et à l’envie de le montrer, aurait remplacé l’ordre du désir et le jeu du "voilé-dévoilé". Parce que le vêtement s’uniformise, joue les boucliers face aux agressions quotidiennes, la lingerie s’impose comme armure invisible mais fortement connotée, permettant tous les mélanges.

« J’aime la lingerie futée, pas les frous-frous », peut affirmer la créatrice de mode Isabel Marant, qui signe, comme Eric Bergère ou Vanina Vesperini, une minicollection de lingerie pour Dim, vendue dès ce printemps. On croyait le string vainqueur. Voici que le boxer contre-attaque.

Les matières, elles, s’envolent ! Loin des corsets du XIXe siècle qui n’avaient de légers que leurs surnoms ("l’innocente", la "culbute", le "boute-en-train"), les dessous du troisième millénaire célèbrent moins le maintien que le plaisir partagé d’une société peut-être sexuellement décomplexée.
 

L.Benaïm