L'après... BERLIN !

Quand les français découvrent l'évaluation et la détection de talent !

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Inauguré en avril 1996, le projet de Centre d'Evaluation Sport Santé de Martinique a été élaboré depuis 1991 par le COMPAS (Comité Martiniquais pour la Promotion des Activités Sport Santé). Accouchement difficile pour une structure née d'une réflexion commune de jeunes martiniquais, tous professionnels de santé, anciens sportifs ou pratiquants d'activités physiques. Il faut dire qu'à cette époque l'évaluation en sport-santé ne faisait pas partie de la culture française.

Pourtant, les contacts avec le Canada (Prof. Luc Léger)  et surtout la Jamaïque avaient montré la nécessité d'une évaluation précoce des capacités motrices des enfants scolarisés et d'une détection systématique des talents. Les dirigeants du COMPAS ont été diabolisés, les bâtons ont été mis dans les roues pour faire vaciller le projet.  

Pendant ce temps, le Dr Elliot, pédiatre, médaillé des J.O. de Mexico, coordonnateur de l'équipe nationale d'athlétisme de Jamaïque, que nous avions invité en 1988 en Martinique, avait déjà systématisé la détection des talents dans les campagnes jamaïcaines. 21 après, la Jamaïque récolte les fruits de son investissement : 2ème nation mondiale d'Athlétisme.

Opposé au Centre d'Evaluation dès sa conception, l'Etat français n'a jamais financé cette structure à la hauteur de sa mission initiale. Aujourd'hui, Rama Yade, parachutée Secrétaire d'Etat aux Sports, se targue d'un discours insipide sur le "...vivier d'athlètes des Antilles qu'il va falloir financer sur place" après avoir déclaré dans le quotidien Le Point (24 août 2009) : "...Je vais peut-être faire un tour en Jamaïque pour comprendre pourquoi ils courent si vite".

Il faudrait commencer par poser la question à Marijosé Pérec avant d'aller en Jamaïque. Et des Pérec, il y en a des dizaines dans les campagnes antillaises mais, ils échappent à une détection systémique, Madame la Ministre !

En France, le sport demeure un prérogative de l'Etat et les lois de décentralisation ont oublié le sport (alors même que les ménages et les Collectivités territoriales sont les premiers à financer le sport). La jeunesse et les sportifs martiniquais ne demandent qu'à exprimer leur talent. Transférez-nous cette compétence avec les moyens nécessaires et nous ferons aussi bien que les autres îles de la Caraïbe.

Louis Boutrin

Auteur du livre "Le Sport à la Martinique - Aspects historique et organisationnel - Enjeux". Editions L'Harmattan - 1997  

 


 

 

 Les adolescents ont une activité physique insuffisante



Les adolescents ne bougent pas assez, surtout les jeunes filles. C'est ce qu'indique une étude sur la consommation alimentaire publiée cet été par l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa). "Moins d'un adolescent sur deux (15-17 ans), précisément 43,2 %, atteint un niveau d'activité physique entraînant des bénéfices pour la santé, avec une forte différence entre les deux sexes : plus de six garçons sur dix, contre moins d'une fille sur quatre", expliqueJean-Luc Volatier, membre de la direction de l'évaluation des risques à l'Afssa.


QU'ENTEND-ON PAR ACTIVITÉ PHYSIQUE ?

Nul besoin de faire un squash ou un footing d'une heure. L'activité physique est définie comme : "tout mouvement corporel associé à une contraction musculaire qui augmente la dépense d'énergie par rapport aux niveaux constatés au repos" (définition du Groupe de travail sport et santé de l'Union européenne). Cela concerne aussi la marche rapide, les tâches ménagères, etc. La marge est grande.

Auparavant, on conseillait vingt minutes par jour, puis de nouvelles études anglo-saxonnes ont recommandé des périodes régulières d'activité d'intensité moyenne. Mais deux ou trois périodes de dix minutes chacune sont aussi bénéfiques. Mieux, le simple fait de réduire, voire d'éviter, les activités sédentaires peut être très bénéfique. Le seul fait de rester debout une heure par jour au lieu de rester assis devant la télévision, par exemple, brûle l'équivalent de 1 à 2 kg de graisse par an (Eufic).

Les enfants sont physiquement capables de commencer un sport à 6 ans. Avant cet âge, ils ont besoin de se dépenser et de bouger chaque jour. Un besoin essentiel au développement de leurs capacités motrices et de coordination.

En d'autres termes, plus d'un adolescent sur deux ne suit pas les recommandations internationales, qui préconisent l'équivalent d'une heure d'activité physique chaque jour. Environ un jeune sur cinq ne fait pratiquement jamais de sport.

La pratique sportive est moins forte dans les milieux défavorisés, surtout chez les filles. Le revenu du foyer est plus discriminant chez les filles également, note Jean-François Toussaint, directeur de l'Institut de recherche biomédicale et d'épidémiologie du sport (Irmes), auteur d'un rapport remis au ministère de la santé et des sports, dont l'objectif est que 80 % des enfants de 3 à 18 ans fassent au moins une heure d'activité physique et sportive par jour.

Le nombre d'heures pratiquées à l'école diminue avec l'âge : une pratique quotidienne recommandée en maternelle, 3 heures par semaine en primaire, 4 heures en 6e, 3 heures de la 5e à la 3e et 2 heures au lycée. La pratique du sport ne cesse de baisser depuis des décennies. Les adolescents d'aujourd'hui sont 40 % moins actifs que ceux d'il y a trente ans."Plus d'un jeune sur deux n'utilise pas un mode de transport actif (à pied, à vélo ou en rollers) pour aller à l'école", selon les données françaises de l'enquête internationale Health Behaviour in School-Aged Children (HBSC).

Le développement des transports et l'arrivée du numérique - avec la toute-puissance de l'écran (ordinateurs, consoles de jeux, mobiles...) -, ont accru la sédentarité, qui, fait préoccupant, s'accompagne de l'essor de l'obésité. Le temps moyen passé par les 3-17 ans devant un écran est d'environ 3 heures par jour, temps qui augmente avec l'âge.

"Si l'attention portée à la santé s'est beaucoup concentrée sur l'alimentation et son rôle dans diverses maladies, la pratique de l'exercice physique est restée un sujet plus discret", note le Conseil européen de l'information sur l'alimentation (Eufic). Pourtant, "l'activité physique ou sportive est un déterminant majeur de l'état de santé des individus et des populations à tous les âges de la vie", indique M. Toussaint.

Les bienfaits d'une activité physique sont nombreux. Elle diminue le risque d'obésité, prévient les principales pathologies chroniques (cancer, maladies cardio-vasculaires, diabète, etc.). En outre, une activité physique développe les muscles et consolide les os. Sans compter que le sport "réduit l'anxiété et favorise des rythmes de sommeil", ajoute l'Eufic. "Le sport est bénéfique pour un bon développement psychologique et pourrait également contribuer à améliorer les performances scolaires", indique l'enquête HBSC.

Cet argument santé n'est guère écouté par les jeunes. Outre la sédentarité accrue, "la dimension psychologique est très grande. L'arrêt du sport est souvent lié à une mauvaise estime de soi", explique Sylvain Quinart, éducateur médico-sportif. Soumis à une société qui cultive le culte de la minceur, l'enfant ou l'adolescent en surpoids (14 % des 3-17 ans, dont 3 % sont obèses) souffre souvent du regard des autres.

La réticence des filles à faire du sport s'accroît avec l'âge. "Un certain nombre d'activités sportives ne sont pas distinctes selon le sexe. On confond égalité citoyenne et égalité dans la différence des sexes. Or, au moment de la puberté, les comportements, les pratiques des garçons et des filles sont de plus en plus similaires, mais sont très différents en termes de look, d'apparence, et dans la façon de gérer leur corps en transformation", explique Xavier Pommereau, psychiatre et responsable du pôle aquitain de l'adolescent au CHU de Bordeaux.

"Hors de question de me mettre en maillot de bain, ce n'est pas normal de nous y obliger", a ainsi lancé à sa mère, Lisa, 16 ans, élève de 1re dans un lycée parisien, à la rentrée. Elle a obtenu une dispense de piscine pour toute l'année scolaire, comme d'ailleurs les trois quarts des élèves de sa classe, garçons et filles. "Bouger, c'est bien, encouragent tous les dépliants des ministères, mais se relaxer, c'est important pour tenter de séduire les adolescents stressés. Huit ados sur dix déclarent être anxieux", explique M. Pommereau.

"Alors que la mission initiale des associations sportives est centrée sur la pratique compétitive, il existe aujourd'hui une réflexion du mouvement associatif, et notamment de certaines fédérations, pour proposer une offre de loisirs non compétitive, ouverte au plus grand nombre et plus en accord avec les attentes de socialisation et de pratique-plaisir des adolescents", affirme M. Toussaint. Un adolescent actif a plus de chance de devenir un adulte actif. Et l'activité physique doit rester un plaisir, dimension qui n'est pas toujours intégrée.