Les Tumultueuses se jettent à l'eau

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Elles veulent se baigner seins nus à la piscine

Neuf femmes du collectif Les Tumultueuses se sont baignées torse-nu dans la piscine parisienne Georges Vallerey, mardi 7 avril.

Une façon pour ces militantes féministes de dénoncer, entre autres, "la différence de statut et de place réservés aux femmes dans la société".

 in L'express 10/04/2009

 


D'après la définition qu'en donne le dictionnaire, les seins sont les "glandes mammaires et ses conduits excréteurs qui aboutissent au mamelon". Ou encore: "chacune des mamelles de la femme", et également "le même organe, atrophié et rudimentaire, chez l'homme". Pour les hommes, cette atrophie permet de se baigner torse-nu dans les piscines municipales sans enfreindre la loi. Ce n'est pas le cas des femmes. Le 7 avril en début de soirée, neuf filles des Tumultueuses investissent donc une piscine afin de protester contre "la sexualisation permanente qui est faite du corps des femmes ou de certaines de ses parties".

Leur revendication: pouvoir se baigner torse-nu, à égalité avec les hommes. "Elles sont sorties en groupe des vestiaires et se sont dirigées, les mains sur la poitrine, vers le bassin, raconte Martin, l'un des maîtres-nageurs présents. Je les ai apostrophées, mais elles ne m'ont pas écouté. Puis elles se sont mises les seins à l'air et sont entrées dans l'eau."

Action stoppée par la police

L'action des militantes a tourné court. Deux d'entres elles sont restées hors du bassin et ont discuté avec les maîtres-nageurs, qui ont tenté de les raisonner. "Il est interdit de se baigner sans une tenue correcte de bain. C'est le règlement des piscines dicté par la Mairie de Paris, a expliqué Martin."

Les gêneuses ne cédant pas, Martin a appelé la police : "Je suis bête et méchant, je dois appliquer le règlement."

Les membres du collectif seront restées un quart d'heure. Douze policiers -dont une femme- sont intervenus rapidement et ont fait sortir les Tumultueuses de l'établissement dans le calme.

Le directeur de la piscine, actuellement en vacances, a été contacté par les forces de l'ordre ; il n'a pas souhaité porter plainte. Le collectif avait déjà organisé une action du même type, en décembre 2008, à la piscine Pailleron (Paris XIXe). Le phénomène ne se cantonne pas la France: en Suède, les filles du "Bara bröst" ("Juste des seins") mènent un combat similaire.

"Elles auraient pu aller à la piscine Roger Le Gall (Paris XIIe), qui autorise les femmes à se baigner en monokini à certaines heures", a suggéré Martin.

Renseignements pris, la piscine ouvre en effet ses portes deux fois par semaine à des baigneurs plus dénudés que d'habitude: mais c'est à l'association des naturistes de Paris que ces soirées sont réservées. Par conséquent, le monokini n'y a pas sa place non plus...

 

Que dit la loi ?

En 1992, le législateur opte pour un changement de terminologie en dénommant l'infraction non plus « outrage à la pudeur » mais « exhibition sexuelle ». D'après l'article 222-32 du code pénal, « l'exhibition sexuelle imposée à la vue d'autrui dans un lieu accessible aux regards du public est punie d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende ». Montrer ses seins est-il un acte d'exhibition sexuelle ? Le code pénal ne précise pas la nature de l'élément moral requis. L'attitude de l'exhibitionniste potentiel intervient alors. En effet, lorsque l'acte était volontaire et que le prévenu avait conscience de l'impudicité de cet acte, l'intention de commettre une exhibition sexuelle est caractérisée.