MARTINIQUE - JUSTICE : NICOLAS LAMIC ECRIT AU PROCUREUR DE LA REPUBLIQUE

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L'universitaire conteste la validité de l'enquête.


 
"Je vous confirme que je me présenterai bien à l’audience du 4 mai 2010, mais que je conteste déjà la validité de l’enquête qui a été menée dans cette affaire. Elle manifeste de façon évidente la volonté de ne pas sanctionner un officier de police qui s’est maintes fois parjuré, comme vous pouviez déjà le constater à la lecture des procès verbaux rédigés dans les affaires qui m’ont opposé à Monsieur CLOUET Vincent aux mois d’août et octobre 2008 (voir article de Nicolas Lamic, « Lorsque tombe lemasque de la justice coloniale »)."

Monsieur Nicolas LAMIC Trinité, le 29 mars 2010
Lotissement les 4 Vents
Quartier la crique – Ancienne voie n°2
97220 TRINITE

 

Monsieur le Procureur de la République


Tribunal de Grande Instance de Fort-de-France
35 Bld du Général de Gaulle
97200 FORT DE FRANCE 

 

Objet :
Affaire n° 09012113
 
Monsieur le Procureur,
  
J’ai bien reçu votre courrier daté du 20 mars 2010 dans lequel vous m’informez qu’à la suite de la procédure engagée contre Monsieur CLOUET Isabelle pour : « Injure non publique en raison de l’origine, l’ethnie, la nation, la race ou la religion », l’affaire sera appelée à l’audience duTribunal de Police de Fort-de-France le 4 mai 2010 à 14 H 00.
 
Je constate que vous avez commis une erreur dans l’énoncé même de l’identité de la personne contre laquelle j’ai engagé cette procédure. En effet, vous comptez appeler à la barre : « Monsieur CLOUET Isabelle ». De plus, vous ne citez pas l’article du code pénal qui sanctionne ce type d’infraction. A mon sens, ces erreurs sont révélatrices de la volonté du parquet de ne pas sanctionner le véritable responsable de ces injures racistes, compte tenu des conséquences que pourrait avoir cette condamnation dans les affaires m’opposant à l’officier de police CLOUET Vincent.
 
Comme vous pouvez le constater dans ma plainte du 5 juillet 2009 auprès de la gendarmerie de Trinité, jointe à cet envoi, je précise bien que j’ai entendu une voix d’homme au téléphone. Je ne pouvais pas connaître l’identité de mon interlocuteur, puisque le numéro de l’appelant était masqué. Il a fallu ce tentretien avec vous, au mois de septembre 2009, en présence de mes avocats Maîtres Germany et Monotuka,  pour apprendre que cet appel téléphonique provenait du domicile de Monsieur CLOUET Vincent.
 
Pour mémoire, je me permets de vous rappeler que :
1)
   J’ai été insulté et agressé au mois d’août 2008 par l’officier de police CLOUET Vincent. J’ai déposé une plainte auprès de vous qui a été classée « sans suite » par vos services (voir copie de la plainte formulée par Maître Germany et l’arrêt du 10 décembre 2009 de la Cour d’appel de Fort-de-France),
2)
   Lorsque j’ai tenté de connaître l’identité de mon agresseur, j’ai été une nouvelle fois agressé par l’officier de police CLOUET Vincent (voir la copie du délibéré du Tribunal de Grande Instance de Fort-de-France du 26 janvier 2009).
 
Sur la seulefoi des paroles de Monsieur CLOUET Vincent, j’ai été condamné par la justice pour des motifs d’ « injures, violence en réunion et rébellion sur personne dépositaire de l’autorité publique ». Or, il apparaît très clairement qu’avec l’appel téléphonique du 4 juillet 2009, nous tenons un élément de preuve indiscutable qui montre que l’officier de police CLOUET Vincent, en accusant sa femme Isabelle d’être l’auteur de cet appel, cherche à masquer que c’est lui qui est une nouvelle fois le déclencheur d’une agression à caractère racial. Je vous rappelle que l’appelant a imité des cris de singe et m’a insulté en me traitant d’ « enculé ».
 
C’est ainsi que je considère que faire venir à la barre du Tribunal de police, le 4 mai 2010, Madame CLOUET Isabelle, puisquec’est de la femme de l’officier de police CLOUET Vincent qu’il s’agit, représente un nouveau cas de déni de justice dont je suis la victime.
 
Cependant, je vous confirme que je me présenterai bien à l’audience du 4 mai 2010, mais que je conteste déjà la validité de l’enquête qui a été menée dans cette affaire. Elle manifeste de façon évidente la volonté de ne pas sanctionner un officier de police qui s’est maintes fois parjuré, comme vous pouviez déjà le constater à la lecture des procès verbaux rédigés dans les affaires qui m’ont opposé à Monsieur CLOUET Vincent aux mois d’août et octobre 2008 (voir article de Nicolas Lamic, « 
Lorsque tombe lemasque de la justice coloniale »).
 
Parce que je ne suis pas homme à me résigner face à l’injustice, je prends la liberté d’adresser une copie de ce courrier à un ensemble de personnes, dont la liste figure au bas de cette lettre, et qui, j’espère, seront sensibles à ma volonté de voir enfin triompher la justice. Elles comprendront, peut-être, que je nepeux pas accepter d’être traité de « grand enfant », de« singe », d’ « enculé », d’être frappé et humilié en garde à vue et ensuite condamné par les tribunaux. Je ne partage pas l’attitude fataliste de mon frère, Henri LAMIC, ancien gendarme, qui, après avoir été giflé et traîné au sol, considère qu’il faut, face à l’arbitraire policier,« tourner les talons » au lieu de le dénoncer avec conviction eténergie. Dans ce sens, les éléments de preuve accumulés contre le policier CLOUET Vincent, ainsi que la démarche du parquet, visant à le dégager de toute responsabilité, ne font que rehausser le caractère subjectif des jugements rendus par les tribunaux dans les affaires me concernant. J’estime donc que ces pratiques policières et judiciaires sont discriminatoires et indignes du fonctionnement d’une société démocratique et qu’il faut les condamner. C’est dans cet esprit que j’ai mené deux grèves de la faim aux mois de septembre et décembre 2009. A la veille d’entamer une troisième grève de la faim, je constate que vous n’avez toujours pas pris la mesure du sentiment d’injustice que j’éprouve depuis le début de cette affaire.
Veuillez agréer, Monsieur le Procureur, l’expression de mes salutations distinguées. 

 

Nicolas LAMIC

  

P.J. Ann :

- copie de l’Avis à victime du Parquet de Fort-de-France n° 09012113

- copie de ma plainte auprès de la gendarmerie de Trinité du 5 juillet 2009

- copie de ma plainte auprès duProcureur de la République du 27 août 2008

- copie du délibéré du Tribunalde Grande Instance de Fort-de-France du 26 janvier 2009

- copie l’arrêt du 10 décembre2009 de la Cour d’appel de Fort-de-France

- copie de l’article de NicolasLamic, « Lorsque tombe le masque dela justice coloniale »

  

Copie à :

-      Monsieur Président de la République Nicolas SARKOZY

-      Madame la Ministre de la Justice Michèle ALLIOT-MARIE

-      Monsieur le Conseiller général Garcin MALSA

-      Monsieur le Président du Collectif du 5 février 2009

-      Monsieur le Député Serge LETCHIMY

-      Monsieur le Député Alfred MARIE-JEANNE

-      Monsieur le Sénateur Serge LARCHER

-      Monsieur le Sénateur Alfred ALMONT

-      Monsieur le Sénateur Claude LISE

-      Monsieur le Médiateur de la République

-      Madame la Secrétaire générale du syndicat des avocatsde la Martinique

-      Monsieur le Rédacteur en chef du journalFrance-Antilles

-      Monsieur le Rédacteur en chef du journal Antilla

-      Monsieur le Président de l’association l’Apassé

-      Madame la Présidente de l’association PALM

-      Monsieur le Président de la Ligue des Droits de l’Homme

-      Monsieur le Président de l’association « SOSRacisme »