PRIX GONCOURT : Eric Raoult veut imposer aux Lauréats un "devoir de réserve"

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Bernard PIVOT s'élève contre les propos du député.


Interpellée par le député UMP Eric Raoult, qui évoque un "devoir de réserve dû aux lauréats du Prix Goncourt", Marie NDiaye estime que ses propos sur "la France de Sarkozy" étaient "très excessifs".

(voir ITW de Marie NDiaye sur notre site - rubrique Livres - very hard ! "Nous sommes partis de la France en grande partie à cause de SARKOZY") 

Un prixGoncourt a-t-il le droit de critiquer Nicolas Sarkozy ? La lauréate 2009, Marie NDiaye, mise en cause par le député UMP Eric Raoult, calme le jeu dans une interview diffusée mercredi 11 novembre par la radio Europe 1. Dans cet entretien réalisé lundi, avant le déclenchement de la polémique, l'auteure de "Trois femmes puissantes" est ainsi revenue sur ses propos concernant "la France de Sarkozy" qu'elle avait qualifiée de "monstrueuse". Elle y déclare que ses propos étaient "très excessifs".
Interrogée sur sa décision de s'installer à Berlin après l'élection de Nicolas Sarkozy en 2007, la romancière a rejeté l'idée d'"une forme d'exil politique". "Non, je n'aime pas dire les choses ainsi, c'est très excessif. Je ne veux pas du tout avoir l'air de fuir je ne sais quelle tyrannie insupportable, simplement depuis quelques temps je trouve l'atmosphère en France assez dépressive et morose, il me semble qu'à Berlin en ce moment elle est plus exaltante", déclare-t-elle.
A la question est-ce que "ça dépend en France de quelqu'un ?", elle répond : "C'est une histoire vieille de plusieurs années, je ne crois jamais qu'un seul homme puisse faire un pays, bien sûr que non".


"Un incroyable 'devoir de réserve' "


Mardi, le député 
Eric Raoult avait interpellé le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand sur les propos, "insultants" selon lui, tenus par Marie Ndiaye dans le magazine Les Inrockuptibles du 18 août, estimant qu'en tant que lauréate du Goncourt elle se devait de "respecter la cohésion nationale et l'image" de la France.
Selon
Eric Raoult, "le droit d'expression ne peut pas devenir un droit à l'insulte ou au règlement de compte personnel". Il estime qu'une "personnalité qui défend les couleurs littéraires de la France se doit de faire preuve d'un certain respect à l'égard de nos institutions".
Le député socialiste 
Christian Paul a pris la défense de Marie Ndiaye, estimant qu'Eric Raoult se livre à "une ignoble intimidation". "En évoquant la 'cohésion nationale' et un incroyable 'devoir de réserve' de l'écrivain", Eric Raoult "crée une forme exécrable de censure, et violente la liberté d'expression, donc notre liberté tout court", déclare Christian Paul dans un communiqué.
"Je lui demande, pour notre pays et son histoire, de retirer ses propos et de s'en excuser, et au ministre de la Culture de faire son devoir, en condamnant cette dérive", poursuit le député. "Je suis indigné et honteux qu'en France ces temps-ci, 
par bêtise partisane, exerçant une ignoble intimidation, un parlementaire s'adresse ainsi à une artiste".


"On juge un livre, pas l'auteur"


Bernard Pivot s'élève lui aussi contre les propos d'Eric Raoult. "Le devoir de réserve des Prix Goncourt n'a jamais existé, n'existe pas et n'existera jamais. Ce serait bien mal connaître les écrivains que de croire qu'il existe", estime Bernard Pivot, membre de l'Académie Goncourt. Il souligne également que "le lauréat du Goncourt n'est pas la voix de la France". Et de poursuivre : "C'est déjà difficile de décerner le Goncourt, si en plus il fallait se déterminer sur les propos que l'auteur a tenus des mois avant..." "On juge un livre, pas l'auteur".

Source : NouvelObs.