SANTE : IL EST URGENT DE REMPLACER LE BISPHENOL "A" PARTOUT

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L'Agence de Sécurité Sanitaire demande son retrait d'urgence.


 
L'Agence de sécurité sanitaire demande le retrait de cette substance dans tous les produits à destination des femmes enceintes et des enfants. Des risques sont avérés chez les animaux, suspectés chez l'homme


Repères

C'est quoi le bisphénol A ? Une substance chimique issue du phénol et de l'acétone. Elle est utilisée depuis plus de cinquante ans dans la fabrication des plastiques, notamment dans l'alimentaire

Que lui reproche-t-on ? Le bisphénol A (BPA) fait partie des perturbateurs endocriniens. « Comme d'autres substances, il peut avoir des effets sur le système hormonal à très faibles doses, explique le professeur Gérard Lasfargues, vice-président de l'Anses (agence de sécurité sanitaire). Nous avons donc fait une synthèse des centaines de travaux et recherches publiés ces dernières années. »

Que disent les études ? Elles montrent des risques avérés chez l'animal et suspectés chez l'homme. Seulement suspectés ? « La méthode employée, le public visé ne permettent pas encore d'avoir un avis définitif. Nous avons lancé de nouvelles recherches, en attendant leurs résultats, la prudence s'impose. »

Chez l'animal. Les troubles sont avérés dans le domaine de la reproduction (avancement de l'âge de la puberté, altération de la production de sperme, kystes ovariens, lésions de la glande mammaire...) ; mais aussi dans celui du développement cérébral ou dans le métabolisme des graisses et des sucres avec des risques de diabète.

Chez l'homme. Les risques sont suspectés sur la fertilité féminine, les troubles du comportement chez les jeunes enfants (attention, concentration). « On craint également des pathologies cardiovasculaires et du diabète. »

Quelles préconisations ? Il y a un an, l'Agence européenne pour la sécurité des aliments avait estimé que le BPA n'était pas dangereux pour la santé et qu'il n'était pas utile de l'interdire. Ce n'est pas l'avis de l'Anses. « Nous estimons avoir suffisamment d'éléments scientifiques pour demander, en priorité, que les femmes enceintes et allaitantes, les nourrissons et les enfants ne soient pas mis en contact avec cette substance et notamment dans tous les produits alimentaires. » Les biberons contenant du BPA sont désormais interdits en France. D'autre part, l'Anses demande un étiquetage systématique des produits contenant du BPA.

Un appel aux industriels. L'Anses les sollicite pour savoir quelles sont aujourd'hui les alternatives au bisphénol A « et si celles-ci ne présentent pas d'autres dangers ». Le 30 novembre, un point sera fait sur toutes les propositions.

Et pour la génération d'avant ? J'ai été élevé au biberon en plastique. Vais-je avoir du diabète, un sperme affaibli... ? « Notre rôle n'est pas d'affoler les populations, ni de trop les rassurer. Le risque est pour l'instant suspecté, nous sommes encore dans une phase intermédiaire de recherche. »